Samsung ne veut pas se laisser distancer dans la course à l’intelligence artificielle. Mercredi 5 octobre, le groupe sud-coréen a ainsi officialisé le rachat de Viv, une petite start-up américaine qui conçoit un assistant vocal « intelligent ». La particularité de cette jeune pousse ? Elle a été fondée par les créateurs de Siri, le logiciel racheté en 2010 par Apple et ajouté l’année suivante à l’iPhone.

« Ils sont considérés comme les meilleurs experts dans le domaine. Les ingénieurs et les chercheurs de Viv vont nous apporter une expertise-clé pour franchir un palier », s’enthousiasme Injong Rhee, directeur de la technologie de la branche mobile de Samsung. La société, qui emploie une trentaine de personnes à San José (Californie), conservera son indépendance mais bénéficiera des ressources de sa nouvelle maison mère afin « d’aller encore plus vite », assure Dag Kittlaus, son directeur général. Le montant de la transaction n’a pas été précisé.

Créé en 2012, Viv est longtemps resté dans l’ombre. La première démonstration publique de son application mobile n’a ainsi eu lieu qu’en mai. Il s’agit d’un « assistant de nouvelle génération », indique M. Kittlaus, qui promet des conversations plus naturelles et la possibilité de réaliser des requêtes plus complexes qu’actuellement. Au printemps, des rumeurs couraient sur un possible rachat de la part de Google ou de Facebook.

Une alternative aux moteurs de recherche

Avec cette acquisition, Samsung entend combler son retard par rapport aux intelligences artificielles développées par Google, Apple, Microsoft ou Amazon. La technologie de Viv devrait en effet doper les performances de son assistant vocal, S Voice, qui a aujourd’hui bien du mal à soutenir la comparaison avec ses principaux concurrents. Le premier fabricant mondial de smartphones espère un lancement au cours du second semestre 2017.

Les enjeux sont importants : ces assistants, comme Siri ou Google Now, sont de plus en plus plébiscités par les utilisateurs de smartphones au détriment des moteurs de recherche et des applications. Contrôlés par la voix, ils permettent d’accomplir rapidement des tâches (noter un rendez-vous, écouter de la musique…) ou de poser des questions. Le sud-coréen se doit donc de proposer un tel service à ses clients.

D’autant plus que Google, son partenaire historique, manifeste des velléités dans la vente de produits. Mardi 4 octobre, la société de Mountain View a en effet dévoilé sa toute première gamme de smartphones. Son principal argument de vente : l’intégration de son nouvel assistant personnel, le Google Assistant, qui ne sera pas disponible sur les appareils Android de Samsung et des autres fabricants. Ceux-ci devront se contenter de Google Now, plus ancien et moins complet.

Le développement de ces assistants est d’autant plus stratégique que ceux-ci commencent à s’inviter dans d’autres produits électroniques. Avec respectivement Echo et Home, Amazon et Google veulent les placer dans le salon ou la cuisine, toujours à portée de main. Après ses smartphones, le conglomérat sud-coréen prévoit ainsi d’installer la technologie de Viv dans ses télévisions, ses réfrigérateurs ou encore ses machines à laver. « Samsung est la seule entreprise capable de démocratiser l’intelligence artificielle sur autant de segments différents », veut croire M. Rhee.