Les Marocains ont voté vendredi 7 octobre pour élire leurs députés dans un scrutin serré et au résultat imprédictible, où le Parti justice et développement (PJD), à la tête du gouvernement de coalition depuis cinq ans, tente de conserver la majorité face à ses rivaux.

Alors que le taux de participation, traditionnellement faible, est l’un des enjeux de ce scrutin, la fréquentation des bureaux de vote est restée limitée dans l’après-midi. A 17 heure, heure locale, ce taux variait de 25 % à 38 % selon les régions, a indiqué le ministère de l’intérieur, qui a annoncé par ailleurs la fermeture des bureaux de vote à 19 heures.

Près de 16 millions d’électeurs ont été appelés à voter pour élire leurs 395 députés, dans 92 circonscriptions et selon un système de listes à la proportionnelle. En 2007 et 2011, l’abstention avait été très élevée (63 % et 55 %).

Les islamistes dénoncent des fraudes

Abdelilah Benkirane, le premier ministre marocain du PJD, à Rabat le 7 octobre. | FADEL SENNA / AFP

Les islamistes du PJD ont demandé vendredi soir « l’intervention urgente » du ministère de l’intérieur pour faire cesser les « abus » et tentatives de fraude quant aux résultats des élections législatives. Le PJD s’est dit « très inquiet des nombreuses informations faisant état des tentatives, par des agents d’autorité, d’influencer la volonté des électeurs », indique un communiqué de cette formation.

Ces tentatives de fraude visent à « orienter le vote des électeurs vers un parti en particulier », affirme le PJD, en référence au Parti authenticité et modernité (PAM, libéraux), principal rival des islamistes au scrutin. Le PJD appelle « le ministère de l’intérieur à intervenir d’urgence pour arrêter ces abus afin de préserver la sécurité et l’intégrité du processus électoral », conclut le communiqué.

Face-à-face

Ces législatives s’annonçaient comme un face-à-face serré entre le PAM, fondé en 2008 par un proche conseiller du roi et dirigé aujourd’hui par Ilyas El-Omari, et le PJD, qui dirige le gouvernement de coalition depuis 2011, avec à sa tête le premier ministre Abdelilah Benkirane.

Les semaines précédant le scrutin ont été marquées par un climat de défiance, avec des accusations de coup bas et d’intox de part et d’autre. Tout en se gardant bien de prendre de front le palais royal, le PJD a accusé de façon récurrente l’intérieur, puissant ministère régalien avec un technocrate à sa tête, de partialité et d’agissements en sous-main pour favoriser la victoire du PAM.

Le ministère de l’intérieur s’était lui engagé à organiser un scrutin « transparent », conformément aux « directives » du roi Mohammed VI. Tout au long de la journée, il a publié des communiqués faisant état d’incidents mineurs ou d’accusations mettant en cause des « agents d’autorité », accusations qu’il a rejetées pour la plupart.

Le porte-parole du PAM, Khalid Adennoun, n’a pas souhaité faire de commentaire sur ces accusations en particulier. « De notre côté, le vote s’est plutôt bien passé. Nous avons juste soumis une cinquantaine de plaintes auprès des autorités spécialisées », concernant notamment le PJD dans la région de Tanger, a indiqué M. Adennoun.

De premiers résultats sont attendus dans la soirée, et le ministre de l’intérieur, Mohamed Hassad, doit s’exprimer à minuit.

Elections au Maroc : « Les islamistes ont réussi à incarner une autre façon de faire de la politique »
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