Le coprésident de Paris 2024, Tony Estanguet, prend un selfie en compagnie de Denis Masseglia, Guy Drut, Valérie Pécresse, Thomas Bach et Anne Hidalgo, dimanche 2 octobre. | THOMAS SAMSON / AFP

L’étape n’est pas des plus « sexy ». Elle ne doit toutefois pas être sous-estimée dans la course aux Jeux olympiques de 2024, dont la ligne d’arrivée est fixée au 13 septembre 2017, à Lima. Vendredi 7 octobre, Paris 2024 remet au Comité international olympique (CIO) la deuxième partie du dossier de la candidature française. Avec l’objectif de montrer que le projet olympique bénéficie déjà de solides assises.

Long d’une vingtaine de pages, en réponse à 23 questions, ce document aborde plusieurs thèmes assez techniques – « Gouvernance, aspects juridiques et financement des sites » –, qui n’invitent pas au lyrisme. Le document est accompagné de 230 « garanties » financières, approuvées par 86 signataires.

Trois piliers

La gouvernance reposera sur « trois jambes », selon les mots d’Etienne Thobois, directeur général du groupement d’intérêt public (GIP) Paris 2024. Le premier de ces trois piliers sera le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO), responsable de la livraison de l’événement. Si ses effectifs sont encore difficiles à chiffrer, le COJO pourrait mobiliser aux alentours de 2 500 personnes.

Deuxième « jambe », la création d’une société de livraison des équipements olympiques (Solideo), un établissement public créé dans le cadre d’une « loi olympique ». Cette structure « garantira la livraison des infrastructures et des équipements, explique M. Thobois. C’est sa responsabilité dans le dispositif. Si elle constate que l’une des maîtrises d’ouvrage est défaillante, elle a capacité à se substituer ». Son budget pourrait avoisiner 60 millions d’euros. Enfin, une structure d’héritage, « dont la forme juridique reste à définir » et aux contours encore flous, devrait voir le jour.

Ces dernières semaines, les annonces d’investissements de la part de collectivités publiques se sont multipliées. A la fin de septembre, la Ville de Paris a dit qu’elle allait engager 145 millions d’euros pour la construction et la rénovation des infrastructures qui pourraient servir dans le cadre des Jeux. Quelques jours plus tard, la région Ile-de-France a fait savoir qu’elle débloquait une enveloppe de 209 millions d’euros. Lundi 3 octobre, Paris terres d’envol, une structure regroupant les communes d’Aulnay-sous-Bois, de Drancy, Dugny, du Blanc-Mesnil, du Bourget, de Sevran, Tremblay-en-France et Villepinte, s’est quant à elle engagée à investir 20 millions d’euros.

L’Etat pourrait participer à hauteur de 1 milliard d’euros

Les membres de Paris 2024 se félicitent que « tous les groupes parlementaires [aient] signé une lettre de soutien aux Jeux », tout comme la Ville de Paris, « à l’unanimité ». En point d’orgue de cette unité affichée, le premier ministre, Manuel Valls, lors d’une conférence de presse au Bourget, vendredi après-midi, devrait annoncer la participation de l’Etat, aux alentours de 1 milliard d’euros.

Si les organisateurs parisiens insistent sur le fait que « 95 % des sites existent déjà ou seront temporaires », le coût de ces Jeux en France est tout de même estimé à un peu plus de 6 milliards d’euros, et se divisera en deux sous-parties. D’une part un budget opérationnel, qui oscille entre 3,2 milliards et 3,8 milliards d’euros, et en grande partie financé par le marketing, les recettes de billetterie et le CIO. D’autre part, des dépenses d’infrastructures, estimées à 3 milliards d’euros, financées à moitié par le public et à moitié par le privé. L’histoire des Jeux montre toutefois que ces prévisions sont systématiquement dépassées, et souvent largement.

Jeudi 6 octobre, des associations et des intellectuels français ont lancé sur le site de Libération un appel à dire non aux Jeux à Paris, dénonçant un « indécent gaspillage financier, économique et écologique qui ne bénéficiera qu’à la multinationale du CIO ». « Les Jeux vont occasionner une surveillance de masse aux coûts exorbitants », estiment notamment les auteurs, alors que la question de la sécurité doit être évoquée lors de la troisième remise de dossier, le 3 février 2017.

Le président de la République a déjà tenu à rassurer sur le sujet. Dimanche 2 octobre à Paris, alors qu’il recevait Thomas Bach, le patron allemand du CIO, François Hollande a déclaré que la France pourrait « assurer la sécurité des athlètes ». « Nous avons, à cause des événements, une forme de préparation qu’aucun pays ne peut avoir », a-t-il expliqué, rappelant la récente tenue de l’Euro 2016 de football, sans incident majeur.