Vue générale des destructions à Alep-Est, le 6 octobre. | GEORGE OURFALIAN / AFP

Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé de se réunir en urgence, vendredi 7 octobre, après les craintes émises par son envoyé spécial que les quartiers rebelles d’Alep risquaient d’être « totalement détruits » d’ici à la fin de l’année. Un projet de résolution au conflit, présenté par la France, doit aussi être voté samedi. « Demain sera un moment de vérité, un moment de vérité pour tous les membres du Conseil de sécurité : voulez-vous, oui ou non, un cessez-le-feu à Alep ? Et la question se pose en particulier à nos partenaires russes », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, lors d’un point presse donné aux côtés de son homologue américain, John Kerry.

Le secrétaire d’Etat américain a pour sa part annoncé, à l’issue de la réunion, qu’il réclamait une enquête pour « crimes de guerre » visant le régime syrien et son allié russe après une nouvelle frappe contre un hôpital à Alep. « La nuit dernière, le régime a encore attaqué un hôpital et 20 personnes ont été tuées et 100 blessées. La Russie et le régime doivent au monde plus qu’une explication sur les raisons pour lesquelles ils ne cessent de frapper des hôpitaux, des infrastructures médicales, des enfants et des femmes », a-t-il tonné quelques jours après que les Etats-Unis ont rompu officiellement le dialogue avec la Russie.

« Ceux qui commettent [ces actes] devront être tenus pour responsables de leurs actions. Cela va bien au-delà de l’accident. C’est une stratégie ciblée pour terroriser les civils et quiconque se dresse sur le chemin de leurs objectifs militaires. »

« La priorité est d’arrêter le bain de sang à Alep », a estimé de son côté l’ambassadeur français, François Delattre, alors qu’il s’apprêtait à entrer dans la salle du Conseil de sécurité. « Le plus important ici est que le bombardement aérien scandaleux d’Alep s’arrête », a ajouté l’ambassadeur britannique, Matthew Rycroft.

La Russie prête à soutenir l’initiative de l’ONU

La réunion d’urgence du Conseil de sécurité a été réclamée par la Russie après que l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse que les quartiers d’Alep-Est, tenus par les rebelles, pourraient être « totalement détruits » d’ici à la fin de l’année si le régime syrien et la Russie poursuivaient leur offensive militaire.

M. de Mistura a proposé aux combattants du Front Fatah Al-Cham – nouvelle appellation du Front Al-Nosra – de quitter l’est d’Alep et au régime syrien et à la Russie de suspendre leurs bombardements dans la deuxième ville syrienne, décrite par l’ONU comme « l’enfer sur terre ».

La Russie a répondu vendredi qu’elle était « prête à soutenir » l’initiative de Staffan de Misturasur un cessez-le-feu à Alep, à condition que les djihadistes d’Al-Nosra quittent la ville. « Si le Front Al-Nosra avec toutes ses armes part en direction d’Idlib où ses forces principales sont basées, nous serons prêts à soutenir cette approche et serons également prêts à appeler le gouvernement syrien à l’accepter », a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à la chaîne de télévision publique russe Pervy Kanal.

Au même moment, une corvette lance-missiles russe traversait le Bosphore, à Istanbul, en direction de la Méditerranée pour appuyer les opérations militaires russes en Syrie, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.