Terrorisme : quelle régulation pour la surveillance numérique ?
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Les Etats-Unis sont-ils dans leur droit lorsque leurs services de renseignement imposent à Yahoo de placer sous surveillance automatique des centaines de millions de boîtes e-mail ? Non, estime Nathalie Kosciuzko-Morizet, candidate à la primaire de la droite et du centre, invitée ce 9 octobre de l’émission « Questions politiques », en partenariat avec France Inter, Franceinfo et Le Monde. Quand bien même la loi renseignement, qu’elle a votée, prévoit des dispositions similaires.

Mme Kosciuzko-Morizet le reconnaît : dans la lutte contre le terrorisme, la France n’a « pas encore trouvé le bon équilibre entre liberté et sécurité ». « Dieu sait que je défends les libertés », a dit la députée de l’Essonne, « mais je trouve qu’il est légitime dans les temps que nous vivons de déplacer un peu le curseur vers la sécurité ».

Mais ce mouvement de curseur ne peut fonctionner que s’il appuie des mesures efficaces, juge-t-elle, évoquant des « fausses bonnes idées » évoquées par des élus en matière de surveillance numérique. Lesquelles ? « Vous entendez parfois des propositions qui vont viser le grand public et qui vont être systématiquement contournées assez facilement par les acteurs qui veulent mal faire. Quand vous faites des choses trop simples, vous “emmerdez les gens normaux”, et ceux qui veulent vous contourner, ils font les choses quand même », note-t-elle.

Souveraineté numérique européenne

Pour la candidate à la primaire, les choses progressent toutefois : « On a enfin pris en compte la nécessité d’une souveraineté numérique au niveau européen », se félicite-t-elle. « J’ai longtemps pesté, comme secrétaire d’Etat au numérique, sur la difficulté qu’on avait à initier tout simplement une politique commune » face aux géants du Web. Si les résultats se font encore attendre, « la prise de conscience a beaucoup progressé », dit Mme Kosciuzko-Morizet.

Pour la députée de l’Essonne, la prise de conscience de l’importance de la sécurité informatique a elle aussi largement progressé, et si elle trouve inquiétantes les révélations sur le rôle présumé de la Russie dans la vague de piratages ayant émaillé la campagne électorale américaine, elle se dit peu inquiète sur le fait que des évènements comparables puissent survenir dans la campagne française. Et les risques de piratage ne condamnent pas, à ses yeux, l’idée de développer le vote électronique – les Français de l’étranger participant à la primaire pourront voter de cette manière. « Ce n’est pas parce que vous avez des risques en matière de sécurité que ça doit vous amener à renoncer », estime Mme Kosciuzko-Morizet.