Voitures incendiées après l’attaque de policiers à Viry-Châtillon, le 8 octobre. | THOMAS SAMSON / AFP

Le pronostic vital d’un policier était toujours engagé, lundi 10 octobre au matin, après l’agression d’une violence rare, visiblement préméditée et ciblée, survenue samedi 8 octobre, à Viry-Châtillon, dans l’Essonne. Une agression dénoncée par l’ensemble de la classe politique, François Hollande en tête qui l’a qualifiée d’« intolérable ». Le président de la République s’est engagé à ce que « tout [soit] fait pour retrouver les auteurs et les traduire devant la justice pour qu’ils soient condamnés à une peine à la mesure de la gravité de leur acte ». Pour Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, ces policiers ont été « confrontés à une bande de sauvageons qui ont agi avec lâcheté », et qui seront « rattrapés », a-t-il déclaré sur RTL le 10 octobre.

Ce dernier a entamé, lundi matin, avec Manuel Valls, le premier ministre, à Savigny-sur-Orge une tournée de commissariats de l’Essonne. Puis ils devaient se rendre auprès des policiers d’Athis-Mons, Juvisy et Evry pour apporter leur soutien.

« Il aurait été empêché de sortir »

Les faits se sont déroulés samedi 8 octobre dans l’après-midi, autour de 15 heures. Deux équipages de voitures de police étaient en surveillance « statique », à un carrefour connu pour être un lieu d’embuscade pour de nombreux vols à la portière et agressions. Un carrefour situé à l’entrée de la Grande-Borne, cité dure de quelque 3 600 logements pour environ 12 000 habitants, gangrenée par divers trafics, quartier d’enfance d’Amédy Coulibaly, notamment, le tueur de l’Hyper Cacher, le 9 janvier 2015.

Les policiers étaient à l’arrêt, stationnés, quand, selon les premiers éléments de l’enquête, dix à vingt jeunes ont attaqué les deux véhicules avec des barres de fer ou des pierres, puis en jetant des cocktails molotov à l’intérieur des habitacles. Un brigadier âgé de 38 ans et une jeune gardienne de la paix, stagiaire de 29 ans, qui faisaient équipe dans une des deux voitures, ont réussi à s’extirper rapidement. Le deuxième équipage a eu moins de chance. « Il aurait été empêché de sortir », indique une source policière, tout en indiquant toutefois que cet élément doit encore être recoupé.

Attaque à la disqueuse

Les quatre policiers ont tous été grièvement blessés. La moins touchée est la jeune stagiaire, qui s’en sort avec 21 jours d’incapacité temporaire de travail (ITT). Mais le brigadier qui était avec elle a été brûlé aux mains et blessé aux jambes par des projectiles. Dans l’autre véhicule, une gardienne de la paix de 39 ans, mère de trois enfants, a été brûlée sur 15 % du corps, aux mains et au visage. Il lui a été reconnu 90 jours d’ITT. Celui dont le sort est toujours incertain est le jeune adjoint de sécurité de 28 ans qui l’accompagnait. Lui a été brûlé sur 30 % du corps, dont les mains et le visage. Ses poumons ont été sérieusement touchés.

Le carrefour où stationnaient les deux véhicules de police avait été équipé, il y a plusieurs mois, par la mairie de Viry-Châtillon d’une caméra de surveillance, accrochée à un lampadaire. Cette caméra gênait notamment le trafic de stupéfiants et avait fait l’objet de plusieurs tentatives de destruction : une première fois à la disqueuse, une autre fois, au moyen d’une voiture bélier lancée sur le poteau lumineux. « Mais ce n’est pas la caméra que surveillaient les policiers, ils veillaient juste à la sécurité de la population », précise-t-on à la direction générale de la police nationale.

« Tueurs de flics »

L’enquête devra déterminer le mobile exact de cette attaque ciblée, les conditions dans lesquelles elle a été préparée, le nombre d’assaillants présumés et leur rôle respectif. La tâche s’annonce d’ores et déjà délicate, dans un quartier sensible comme la Grande-Borne, où prévaut souvent la loi du silence. Les auditions des policiers ont déjà eu lieu. Celles des témoins et du voisinage sont en cours. Les images de la caméra de vidéoprotection devraient être elles, en tout cas, rapidement exploitées.

« Ces agressions à l’encontre des policiers par des tueurs de flicsdoivent être punies des peines maximales et ne doivent pouvoir faire l’objet d’aucun aménagement. Les sanctions judiciaires actuelles ne conviennent pas », a réagi Philippe Capon, le secrétaire général du syndicat UNSA-Police.