Le lycée Alexandre-Dumas (hôtellerie et tourisme) d'Illkirch (Bas-Rhin), dont les BTS peuvent participer à Erasmus+, a reçu la visite de Mme Vallaud-Belkacem le 10 octobre. | Martine Jacot

Erasmus a beau être considéré comme l’action phare de l’Union européenne, voire « le plus grand programme de mobilité du monde », selon la vice-présidente du Parlement européen Sylvie Guillaume, les multiples opportunités qu’il offre sont assez peu connues : depuis qu’il a été rebaptisé Erasmus + en janvier 2014, le programme s’adresse non seulement aux étudiants mais aussi aux élèves de collège, aux lycéens en bac pro, aux apprentis, aux stagiaires, aux adultes en formation continue, aux chômeurs, aux enseignants et aux formateurs.

La France entend pallier ce défaut de notoriété, a indiqué, lundi 10 octobre à Strasbourg, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation, lors d’une conférence internationale dédiée à Erasmus +. Paris fêtera le 30e anniversaire d’Erasmus, le 9 janvier, « sous le haut patronage de François Hollande ». La ministre a en outre annoncé le lancement du concours « Erasmus + et moi » à l’intention de ceux qui ont bénéficié du programme (550 000 Français entre 2007 et 2015), invités à raconter leur expérience à travers des photos, des vidéos et un court texte. Les cinq lauréats bénéficieront, le 9 janvier, de séjours dans des capitales d’Europe.

Considérant que les crises que traverse actuellement l’Union européenne sont « une incitation à l’action », Mme Vallaud-Belkacem a souhaité qu’« à terme, Erasmus + soit ouverte à tout citoyen européen ». En attendant, la France, dont l’enveloppe consacrée à Erasmus n’a augmenté que de 2 % de 2016 à 2017, « va porter le volet culturel et citoyen » du programme, décidé par les ministres européens de l’éducation, après les attentats de 2015 contre Charlie Hebdo. La ministre a souligné « l’urgence de forger une citoyenneté européenne qui soit plus qu’un mot », estimant que l’UE « méritait mieux que de servir de punching-ball » aux mouvements nationalistes.

Conséquences du Brexit

Les budgets suivront-ils, à l’heure où le Royaume-Uni, l’un des plus gros contributeurs (et bénéficiaire) d’Erasmus + a choisi de quitter le navire européen ? Pour la période 2014-2020, le programme a été doté de 16 milliards d’euros (dont 1,12 milliard pour la France), soit une hausse de 40 % par rapport aux six années précédentes, a indiqué Sylvie Guillaume, sans compter l’ajout de 15 millions d’euros votés en septembre par le parlement européen. « Le vote britannique en faveur du Brexit n’empêche pas le programme de poursuivre, à 33 pays, sa mission vers une mobilité plus ouverte, estime Laure Coudret-Laut, directrice de l’Agence Erasmus + France. Le moment venu, le Royaume-Uni pourrait en outre passer au statut de pays participant hors UE, comme la Norvège et la Suisse, moyennant une contribution spécifique négociée avec Bruxelles. »

La vice-présidente du parlement européen a plaidé pour qu’Erasmus, qui a concerné 2 millions de participants depuis sa création, soit davantage accessible aux jeunes les moins qualifiés ainsi qu’aux migrants, et bénéficie à plus de candidats. « Faudra-t-il pour tout cela que les participants partent moins longtemps ou soit chacun moins aidés ? On y réfléchit », a-t-elle déclaré.

« La demande est dans tous les domaines supérieure à ce que nous pouvons offrir », a confirmé Mme Coudret-Laud, en particulier pour les stages, où seules quelque 9 600 des 17 400 candidatures reçues par son agence ont été satisfaites en 2015. Depuis un an, avec un budget modeste pour le moment, Erasmus + peut également financer, pour les candidats à la mobilité de l’enseignement supérieur, des projets hors des frontières de l’UE, « sur tous les continents ».