Des Ouïgours, installés en Turquie, brandissent une photo d’Ilam Tohti au cours d’une manifestation réclamant sa libération, le 5 février 2014, à Ankara. | ADEM ALTAN / AFP

L’intellectuel ouïgour Ilham Tohti, condamné à la réclusion à perpétuité par Pékin, a été honoré mardi par le prix Martin Ennals 2016, qui récompense les défenseurs des droits de l’homme. Cet économiste et universitaire ouïgour a été condamné en septembre 2014 à la prison à vie, pour avoir commenté devant ses étudiants la situation du Xinjiang, région de l’Ouest chinois rétive à la tutelle de Pékin. Il a longtemps dénoncé depuis Pékin la répression visant les Ouïgours, musulmans turcophones représentant la première ethnie du Xinjiang. Cette liberté de parole lui a finalement valu d’être accusé de « séparatisme » par un tribunal d’Urumqi, capitale du Xinjiang.

Durant son procès, qui a suscité une levée de boucliers à l’étranger, Ilham Tohti a réfuté tout séparatisme, affirmant avoir simplement professé ses opinions lors des cours qu’il donnait à l’Université centrale des nationalités de Pékin. En novembre 2014, sa condamnation a été confirmée en appel.

Un « profond engagement »

« La vraie honte de cette situation est que, en éliminant la voix modérée d’Ilham Tohti, le gouvernement chinois jette en fait les bases de l’extrémisme même qu’il dit vouloir empêcher », a déclaré le président de la Fondation Martin Ennals, Dick Oosting.

Le prix Martin Ennals, du nom d’un activiste britannique mort en 1991, qui a été secrétaire général d’Amnesty International de 1968 à 1980, est considéré comme le « Nobel des droits de l’homme ». Créé en 1993, il a pour objectif d’honorer ceux qui font preuve d’un « profond engagement » pour défendre les droits de l’homme.

Le prix Martin Ennals est attribué chaque année par une dizaine d’organisations, dont Amnesty International, Human Rights Watch et la Fédération internationale des droits de l’homme.

L’avocate syrienne Razan Zeitouneh et des blogueurs éthiopiens avaient également été nominés pour cette distinction. En 2015, le prix a été décerné à Ahmed Mansoor, militant des droits de l’homme aux Emirats arabes unis.