La députée Yau Wai-ching, 25 ans, étend une banderole sur laquelle est écrit « Hongkong n’est pas la Chine », le 12 octobre 2016. | ANTHONY WALLACE / AFP

Fraîchement élus, ils se sont offert une tribune politique. Plusieurs nouveaux députés hongkongais prônant la rupture avec la Chine ont ouvertement défié Pékin, mercredi 12 octobre, lors de leur prestation de serment au « Parlement » de l’ex-colonie britannique. Le Conseil législatif (LegCo) se réunissait pour la première fois depuis les législatives, organisées au début de septembre, qui ont été marquées par l’élection d’une poignée de candidats demandant une plus grande autonomie vis-à-vis de la Chine, deux ans après les grandes manifestations du mouvement prodémocratie des « parapluies ».

Avant de pouvoir officiellement siéger, chaque nouvel élu du LegCo doit lire une brève déclaration. Le texte officiel stipule qu’Hongkong est « une région administrative spéciale » de la Chine. L’exécutif hongkongais avait donc averti les élus que toute entorse à ce texte pourrait leur interdire de siéger.

Ancien leader des manifestations de 2014, Nathan Law, le plus jeune élu – âgé de 23 ans –, a prononcé un discours passionné avant de prêter serment. « Vous pouvez m’enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps. Mais vous ne pourrez jamais emprisonner mon âme ! », a-t-il lancé. Le jeune homme, qui milite pour l’autodétermination d’Hongkong, a ostensiblement changé de ton chaque fois qu’il a eu à prononcer le mot « Chine » lors de sa prestation de serment.

Servir « la nation hongkongaise »

Depuis 1997 et la rétrocession d’Hongkong à la Chine, le territoire jouit d’une semi-autonomie, en vertu du principe « Un pays, deux systèmes ». L’accord, conclu entre Londres et Pékin, préserve donc sur le papier les libertés dont jouit Hongkong depuis cinquante ans. Mais de nombreux Hongkongais estiment que la mainmise chinoise se durcit.

Pour la contrer, deux députés indépendantistes, Baggio Leung et Yau Wai-ching, se sont engagés, avant de prêter serment, à servir « la nation hongkongaise ». Eux aussi, ont systématiquement écorché le mot « Chine », et brandi un drapeau proclamant : « Hongkong n’est pas la Chine ». Eddie Chu, qui demande un référendum sur la souveraineté future d’Hongkong, a quant à elle crié après sa prestation de serment : « Autodétermination démocratique ! Mort à la tyrannie ! »

Un greffier du LegCo a expliqué à trois élus qu’il ne pouvait acter leur serment car ils l’avaient modifié. Leur cas doit être désormais transmis au président du LegCo, appelé à être élu ce mercredi.