A une semaine du premier anniversaire de l’élection de Justin Trudeau à la tête du gouvernement canadien, le premier ministre français, Manuel Valls, commence, mercredi 12 octobre au soir, sa première visite officielle à Ottawa, puis au Québec, avant de faire arrêt à Saint-Pierre-et-Miquelon samedi.

Placée sous le signe d’une coopération que le Canada et la France souhaitent renforcer, cette visite devait avoir lieu en juin dernier mais avait été annulée pour cause de manifestations en France.

La France souhaite qu’elle soit l’occasion de passer en revue ses relations bilatérales avec le Canada, « avec l’ambition de leur faire franchir une nouvelle étape », précise un communiqué de Matignon. Pour M. Trudeau, son principal enjeu est d’obtenir un appui sans faille de la France à l’Accord économique et commercial global (CETA), entente de libre-échange Canada-Union européenne, dont les négociations ont débuté en 2009 et qui entre dans une phase cruciale. Le Conseil européen doit l’approuver le 18 octobre, avant signature officielle le 27 octobre à Bruxelles lors d’un sommet Union européenne-Canada auquel participera M. Trudeau.

Des militants européens contre le CETA, à Berlin, le 12 octobre. | JOHN MACDOUGALL / AFP

Un accord décrié par une partie des Européens

Plusieurs pays, dont l’Allemagne, la Belgique et l’Autriche, émettent toutefois de sérieuses réserves face à cet accord décrié également par nombre de syndicats et partis de gauche européens. Il devra, en outre, être ratifié par les parlements des Etats membres de l’Union européenne avant sa mise en œuvre en 2017, ce qui n’est pas gagné d’avance.

Dans une interview au quotidien canadien The Globe and Mail, M. Valls s’est dit confiant que le dossier aboutisse. « Si la France et l’Allemagne jouent les chefs de file, avec la Commission européenne, mon opinion est que l’élan en sa faveur sera fort et convaincant. »

C’est le type même, selon lui, de « bon accord » profitant aux deux parties. Le fait que le Canada ait accepté l’établissement d’un mécanisme de règlement des différends et reconnaisse les appellations d’origine protégée en France, devrait, précise-t-il, lever les derniers obstacles côté européen. Ce à quoi s’est aussi employée la ministre du commerce international canadienne, Chrystia Freeland, qui a multiplié les déplacements en Europe ces dernières semaines, notamment en Belgique et en Autriche.

La France, « un allié clé pour le Canada »

La façon dont Paris et Ottawa « peuvent coopérer ensemble, notamment sur les crises mondiales, les questions environnementales et de changement climatique » est également à l’ordre du jour. La France est « un allié clé pour le Canada sur la scène internationale », notamment au sein de la francophonie, rappelait M. Trudeau le 6 octobre. Alors qu’Ottawa réinvestit massivement dans les Nations unies, l’aide internationale, l’OTAN, la lutte contre l’organisation Etat islamique, M. Trudeau compte discuter avec M. Valls du soutien logistique que le Canada aimerait apporter au Mali. La coopération Canada-France sera aussi à l’honneur pour avancer dans le dossier de la lutte contre les changements climatiques.

Le CETA sera encore au centre des discussions avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, que M. Valls rencontrera jeudi 13 octobre à Montréal, puis à Québec le lendemain. Parmi les sujets qui seront abordés, selon M. Couillard : « L’économie, la jeunesse, le numérique, la promotion de la langue française, la lutte aux changements climatiques, la prévention de la radicalisation et la coopération maritime. »

Fraîchement élu à la tête du Parti québécois (PQ), le 7 octobre, Jean-François Lisée aura, pour sa part, sa première rencontre internationale comme chef de l’opposition officielle à Québec vendredi avec M. Valls. L’appui à l’indépendance du Québec, option portée par le PQ, s’affaiblit au fil des ans (avec 32 % selon un sondage CROP-La Presse publié en août dernier, contre 40 % dans le passé), mais le PQ demeure une force politique incontournable dans la province.