Prévu pour le lundi 17 octobre, le démantèlement de la jungle a été retardé. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

Un référé-liberté vient d’être déposé devant le tribunal administratif de Lille contre le démantèlement de la jungle de Calais. Prévue pour le 17 octobre, et reportée aujourd’hui au 24, cette évacuation n’est pas contestée sur le fond, mais sur la forme.

Les habitants du bidonville et les associations qui viennent de déposer leur contestation devant le tribunal souhaitent « obtenir que différentes mesures de protection soient prises, sans délai, par l’autorité préfectorale au bénéfice des occupants de la partie nord du bidonville dit de “la Lande” de Calais ». Ils demandent aussi la suspension « de la décision par laquelle la préfète du Pas-de-Calais décide de procéder à l’expulsion des occupants » de cette zone.

Les avocats, Julie Bonnier du barreau de l’Essonne et Lionel Crusoé du barreau de Paris, portent tous deux cette requête qui s’appuie sur les mêmes arguments que défendait ces derniers jours le Secours catholique pour s’opposer à l’évacuation précipitée de ce lieu où résident plus de 6 000 migrants.

L’association déplore qu’un état des lieux digne de ce nom ne puisse être fait, que les populations les plus vulnérables ne soient pas traitées à part et que le « nettoyage » du lieu soit mené à marche forcée alors que commence à s’engager la campagne pour la présidentielle du printemps 2017.

Une mobilisation britannique

Le Secours catholique figure donc en bonne place parmi les requérants. Mais l’association est loin d’être la seule. Des structures locales d’aide aux exilés, comme L’Auberge des migrants, Le Réveil voyageur, La Cabane juridique ou Utopia 56 sont aussi demandeuses d’une autre approche de cette opération que Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, présente comme « humanitaire » sans les convaincre. Ces humanitaires locaux se retrouvent au côté d’organisations nationales comme le Gisti, Emmaus France ou EliseCare, qui refusent elles aussi la « précipitation » dans laquelle s’organise ce démantèlement.

Alors que le référé déposé lors de l’évacuation de la zone sud de la jungle, en février, avait été soutenu par les seules associations françaises, cette fois, les structures britanniques présentes à Calais se mobilisent aussi. Care4Calais, Help Refugees, Refugee Youth Service, toutes trois très présentes auprès des populations au quotidien dans le bidonville, sont aussi engagées dans la procédure.

Le référé a été déposé ce mercredi soir auprès du tribunal administratif de Lille, il sera enregistré jeudi matin. Le tribunal dispose ensuite de quarante-huit heures pour donner sa réponse ; ce qui devrait conduire à un jugement avant minuit samedi.

Le nombre de places trouvées en centre d’accueil et d’orientation (CAO) reste un peu juste – même si l’espoir est maigre d’en trouver plus – et le ministre de l’intérieur aimerait convaincre les Britanniques de prendre les mineurs présents dans la lande. Ces deux points sont les explications du recul opéré par la Place Beauvau par rapport à son calendrier initial.

Avant de déposer son texte à Lille, ce mercredi, Me Bonnier a connu un succès sur le dossier du campement voisin de Norrent-Fontes. Le tribunal de grande instance de Béthune avait en effet communiqué quelques heures auparavant son refus que soit évacué le petit campement de cette ville voisine de Calais, alors même que l’administration garantissait une place en CAO pour chacun. Le référé de vendredi sera étudié par une autre juridiction, dans une autre ville, mais il laissait hier un petit espoir aux requérants.