La médaille en or du prix Nobel attribué à Gabriel Garcia Marquez, à Bogota (Colombie), le 17 avril 2015. | Fernando Vergara / AP

La gloire éternelle promise au lauréat du Nobel de littérature aura pris un peu de retard cette année. Comme annoncé le 30 septembre, le dernier prix de la saison 2016 des Nobel a été repoussé d’une semaine. Il a donc fallu patienter jusqu’à jeudi 13 octobre.

  • Pourquoi ce retard ?

D’ordinaire, l’Académie suédoise annonce toujours ce prix littéraire le premier jeudi du mois d’octobre, la même semaine que les quatre autres récompenses (médecine, chimie, physique et paix). Mais cette année, un imprévu d’ordre « arithmétique » est venu bousculer le calendrier, a expliqué l’académicien Per Wästberg. Faisant fi des spéculations que cela pouvait susciter, il a indiqué : « Il ne faut y voir aucun signe de désaccord entre académiciens. La réalité est plus simple : nos statuts prévoient que nous nous réunissions quatre jeudis de suite à partir de l’avant-dernier jeudi de septembre avant d’annoncer le lauréat. »

Cette année, le pénultième jeudi de septembre est tombé le 22. Si l’on ajoute quatre jeudis à cela, nous arrivons le 13 octobre, jour de l’ultime réunion, celle du vote formel.

  • Le signe d’un choix engagé ?

Cette explication mathématique n’a pas stoppé la rumeur. Nombre d’observateurs ont cru déceler le signe d’une discorde. « Selon moi, ce n’est absolument pas une quelconque question de calendrier”. […] Cela montre un désaccord », a estimé Björn Wiman, responsable des pages culturelles du quotidien Dagens Nyheter.

Allant plus loin, le journaliste culturel de la radio publique SR, Mattias Berg, y a vu l’hypothèse que les académiciens suédois s’étrillent à propos d’un « lauréat politiquement controversé, comme Adonis », le poète franco-syrien dont la dernière publication est un brûlot sur l’islam politique.

Si l’enjeu est bien de récompenser un écrivain engagé, l’Académie pourrait également choisir le Britannique Salman Rushdie. En mars dernier, elle avait enfin dénoncé la fatwa visant l’auteur des « Versets sataniques », près de trente ans après avoir refusé de prendre position au prétexte de son indépendance.

  • Qui a ses chances ?

Aux spéculations, l’Académie répond par un silence poli : « Certaines personnes veulent savoir ce qu’il y a dans les cadeaux de Noël et certaines veulent être surprises. Nous voulons vous surprendre », se défend Odd Zschiedrich, chancelier de l’institution. Sous le sapin d’octobre cette année, les spécialistes pensent trouver notamment le Kényan Ngugi wa Thiong’o, les Américains Don DeLillo ou Joyce Carol Oates, le Japonais Haruki Murakami.

Björn Wiman, lui, donne un tiercé dans le désordre : « Je pense que ce sera [le Norvégien Jon] Fosse, j’espère [l’Israélien David] Grossman et me réjouis à l’idée [de l’Italienne Elena] Ferrante. »

  • Attribuer un Nobel de littérature, comment ça marche ?

La méthode suédoise est immuable : en février, l’Académie établit une liste de toutes les candidatures qui lui ont été soumises. En mai, elle réduit cette liste à cinq noms. Ensuite, les membres du jury disposent de tout l’été pour plancher sur les auteurs choisis. Puis au début d’octobre sonne l’heure de la consécration.

Est-ce vraiment la sélection 2016 qui a retardé l’annonce du lauréat ? Une chose est certaine, il faudra faire preuve d’encore un peu de patience pour le savoir. Mais juste cinquante ans… La durée pendant laquelle les délibérations des jurys sont gardées secrètes.