La commune de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais) ne voulait plus de sa « petite jungle ». Elle devra pourtant composer avec. La mairie et des propriétaires privés ont été déboutés, mercredi 12 octobre, par le tribunal de grande instance de Béthune de leur demande d’évacuation d’un terrain où vivent entre 200 et 300 migrants dans des conditions précaires.

Saisi en référé, le tribunal a jugé que les requérants ne proposaient « aucune solution concrète et durable pour le relogement » des migrants aux abords de cette commune située entre Lens et Calais, dans une décision consultée.

« Je suis satisfaite que la réalité du terrain ait été entendue : une expulsion n’aurait en rien amélioré la situation de ces personnes qui vivent certes dans des conditions difficiles mais qui l’aurait encore plus rendue dangereuse et précaire », s’est félicitée l’avocate des migrants, Julie Bonnier.

Selon elle, l’accompagnement proposé par l’Etat « est insuffisant » :

« Les centres d’accueil et d’hébergement (CAO) ne permettent pas un vrai accompagnement. Les gens sont forcés d’y aller mais, à cause d’une mauvaise prise en charge, reviennent s’installer. »

Une capacité de 30 personnes

Dans sa décision, le juge indique qu’il « ne peut être sérieusement mis en avant le caractère d’urgence » de la demande concernant l’implantation de ce camp « de longue date », installé en 2012 par la municipalité.

Selon le maire de cette ville de 1 500 habitants, Bertrand Cocq, le camp avait été installé pour une capacité de 30 personnes. Mais à présent, ils sont dix fois plus nombreux et « la commune n’est pas taillée pour mettre autant de personnes à l’abri lors des épisodes de grand froid », avait-il assuré.

« Le site de Norrent-Fontes bénéficie d’une aide sociale. Si ce camp est évacué, ces personnes vivront dans les parcelles à proximité et n’auront plus ces aides, ni de soutien ni de soins » proposés par les associations, selon Mme Bonnier.

Multiples camps

L’agent du défenseur des droits, Mme Ratiba Aboufares, présente à l’audience du 14 septembre, avait estimé qu’il fallait « empêcher les expulsions sans solution adaptée » pour éviter que ces campements « se reforment à proximité » et que les migrants « soient encore davantage précarisés ».

Dans le nord de la France, au fil de la crise migratoire, de multiples camps de migrants se sont installés à l’ombre de Calais, dont l’approche du démantèlement est prévue, comme à Norrent-Fontes, Angres, Tatinghem ou encore Setques.

En juin, le camp de Chocques où vivaient une dizaine de migrants avait été évacué et un mois plus tard, c’est le camp de Steenvoorde, où s’étaient installés une soixantaine de migrants, qui avait été démantelé.