« Une extrême vigilance » : c’est ce qu’avait demandé la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, en juin 2015 après le lancement de l’application Gossip, qui permet d’échanger des rumeurs de façon anonyme. Cette fois, c’est la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) qui s’attaque à cette application française. Vendredi 14 octobre, elle a mis en demeure l’entreprise W.M.G, qui édite Gossip, de se conformer à la loi dans un délai d’un mois. Elle l’accuse de ne pas respecter les textes relatifs au respect de la vie privée et des libertés individuelles, et de collecter de façon abusive des numéros de téléphone.

Gossip permet à ses utilisateurs de partager des ragots, de façon anonyme, qui s’affichent en fonction de leurs contacts téléphoniques ou Facebook. Chaque rumeur est associée à un contact, et toutes les personnes disposant de ce contact dans leur répertoire ou sur Facebook sont susceptibles de recevoir ce ragot. Gossip est aussi utilisée, tient à préciser la CNIL, « pour diffuser des commérages ou des accusations à l’encontre notamment de personnes mineures ».

Collecte illégale de numéros de téléphone

Le gendarme de la vie privée souligne qu’une personne « n’ayant pas l’application, y compris mineure, peut faire l’objet de calomnies susceptibles de déstabiliser son entourage et de lui porter un grave préjudice, sans en être informée et sans réel moyen d’action vis-à-vis de l’émetteur comme des récepteurs de la rumeur ». Selon l’organisme, l’application viole ainsi la loi « informatique et libertés », qui stipule que l’informatique « ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques ».

Qui plus est, la CNIL dénonce la collecte des numéros de téléphone effectuée par l’application pour fonctionner : elle puise en effet dans le répertoire de ses utilisateurs et collecte même les numéros des personnes n’ayant pas l’application. Une collecte qui « ne repose sur aucune base légale », selon la CNIL.

Lancée en mai 2015, l’application, qui avait connu un certain succès à ses débuts, avait provoqué d’importants remous dans l’éducation nationale. Des syndicats de lycéens avaient réclamé son interdiction avant que la ministre ne s’en mêle. Au point que sa créatrice avait préféré fermer l’application temporairement, le temps que la polémique retombe.