Spectacle sur Arte Concert

Les Stigmatisés - Extraits du spectacles
Durée : 04:30

S’il fallait décrire par une comparaison imagée la musique de l’Autrichien Franz Schreker (1878-1934), on pourrait dire qu’il est en quelque sorte le Gustav Klimt des sons. Car le compositeur, un postromantique ayant poussé l’expression musicale jusque dans ses retranchements les plus délétères, est connu pour son orchestration rutilante, moirée, scintillante, riche comme un parfum vénéneux.

Schreker, qui retrouve depuis quelques années le chemin des grandes maisons d’opéra, après avoir été oublié pendant les deux derniers tiers du XXe siècle, connut pourtant un succès considérable pendant les années 1910.

Sa musique, d’essence postwagnérienne, avait la force mélodramatique de celle de Giacomo Puccini et approchait les rutilances sauvages de Richard Strauss. Ses livrets – de sa plume –, très Eros et Thanatos, et influencés par la psychanalyse, fleuraient bon le scandale.

Pendant les années 1910, sa musique sera d’ailleurs aussi jouée en Europe que celle de ses deux collègues. Sa réputation était telle que le troisième opéra de Schreker, Das Spielwerk und die Prinzessin, connaîtra, en 1913, une double création simultanée à Vienne et à Francfort…

Voix pas très fraîches

Mais Schreker, après avoir été au sommet du succès, sera concurrencé par une nouvelle génération de compositeurs qui, au cours des années de la république de Weimar, vont écrire une musique plus astringente et dépurée. Schreker tentera de s’adapter, mais l’antisémitisme et la montée du national-socialisme freineront notablement sa carrière. Il meurt d’une crise cardiaque en 1933, l’année de l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir.

Les Stigmatisés (Die Gezeichneten, 1918), que l’Opéra de Lyon a présenté en mars 2015 et dont Arte Concert propose la captation, est considéré comme son chef-d’œuvre. La mise en scène n’éclaire pas tout à fait les complexités du sujet (un « débat très fin de siècle entre la beauté corrompue et la laideur ravageuse ») et les voix, pas très fraîches, semblent concourir à qui a le plus grand vibrato…

Les Stigmatisés, de Franz Schreker. Avec Charles Workman, Magdalena Anna Hofmann, Simon Neal. Chœur et orchestre de l’Opéra de Lyon, Alejo Pérez (direction), David Bösch (mise en scène). (Fr., 2016, 2 h 40).