Une vingtaine de jeux sont disponibles pour le PlayStation VR. | JUSTIN SULLIVAN / AFP

Le PlayStation VR (PS VR) est sorti jeudi 13 octobre sur PlayStation 4. Disponible au prix de 400 euros (500 euros avec l’indispensable caméra et les manettes compatibles), le casque de Sony se veut l’expérience de réalité virtuelle la moins onéreuse et, du fait de la taille du parc de PlayStation 4 en France et dans le monde, la plus accessible au grand public. Le succès sera-t-il au rendez-vous ?

Au Japon en tout cas, selon Atsushi Morita, président de Sony Asie, tous les exemplaires avaient trouvé preneurs en préréservation – ce qui n’a pas empêché les Japonais de faire la queue dès le matin de sa sortie devant les boutiques de l’archipel. Selon Jim Ryan, le directeur général de Sony Europe, plusieurs « centaines de milliers d’exemplaires » du PS VR auraient déjà, ou s’apprêteraient, à trouver preneur. Une déclaration pour le moins vague, mais qui permet de penser que le casque de Sony réussit a minima un meilleur démarrage que son principal concurrent, le Vive, qui peine à dépasser la barre des 100 000 exemplaires vendus depuis sa sortie, en avril.

Faute de chiffres qui permettraient de mesurer précisément son succès commercial, les réactions des premiers acquéreurs sur le réseau social Twitter ou sur les forums Jeuxvideo.com (francophone) ou de NeoGaf (anglophone) permettent déjà de se faire une bonne idée de sa réception critique.

Batman: Arkham VR - E3 2016 Reveal Trailer | PS VR
Durée : 01:25

« Une tuerie »

Sur NeoGaf, on commence par se féliciter de la facilité avec laquelle l’appareil s’installe. « La technologie est très impressionnante, je n’ai eu aucun problème jusqu’ici, applaudit Moza. C’est très simple à mettre en place, et une fois qu’on a pris le temps de le régler un peu, le casque est très facile à mettre et à enlever. »

« Fabuleux » pour mr_kinsha sur Jeuxvideo.com. « Magique » semble répliquer El-Suave : « C’est beaucoup plus impressionnant que ce à quoi je m’attendais. Ma nièce n’en croyait pas non plus ses yeux. On a joué à quelques démos pendant que je rechargeais mes vieilles manettes. Quelle bonne soirée ! » Un enthousiasme qu’on retrouve dans l’immense majorité des commentaires de joueurs.

Sur Twitter en particulier, les retours sont quasiment unanimes :

Même des sceptiques se laisseraient ainsi convaincre par le PlayStation VR. C’est le cas de panda-zebra : « J’ai lu d’innombrables commentaires de gens qui l’ont essayé et s’en plaignent… mais, oh mon Dieu. J’ai commencé avec Playroom. Le menu et les premières interactions m’ont décroché la mâchoire. Je me suis assis et j’ai ri de façon incontrôlée pendant, quoi, cinq, dix minutes ? Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi convaincant. »

Rez Infinite - Launch Trailer | PS4, PS VR
Durée : 02:20

Des bugs d’affichage

Pour autant, tout n’est pas rose au pays de la réalité virtuelle. Même parmi ceux qui sont convaincus par l’immersion, nombreux sont ceux déçus, malgré tout, par le rendu graphique. Sur Jeuxvideo.com, lades met d’office les potentiels acquéreurs en garde : « Si ce que vous cherchez dans les jeux vidéo c’est avant tous les graphismes, passez votre chemin : le PS VR n’est pas fait pour vous. »

C’est un des principaux griefs fait à l’encontre du PlayStation VR : l’effet « grillage » sur l’écran, sa faible résolution, et une image plus ou moins floue selon les jeux. Papageek83 abonde en ce sens : « Avis mitigé pour l’instant : d’un côté c’est immersif, mais de l’autre on revient dix ans en arrière en termes de qualité d’image. »

Autre souci technique, qui tient cette fois davantage du bug : l’affichage qui, chez certains, « dérive » peu à peu. « La vision s’éloigne progressivement du centre », regrette Matthewrex. Grath a eu le même souci : « Ma vue dérive lentement vers la droite, m’obligeant à me tourner progressivement vers la gauche. C’est loin d’être anecdotique : pendant une partie de Rez, j’ai dû m’asseoir à 90° [par rapport à l’écran de télé], et à la fin du jeu, j’étais carrément retourné - je devais avoir l’air d’un fou. »

Plus prosaïquement, quelques joueurs reprochent au PS VR son inconfort.

Un problème qui pourrait venir d’une erreur matérielle : sur NeoGaf, certains conseillent en effet à Newduck de ramener son casque en boutique. Celui-ci est confronté à des messages d’erreur liés à cette surchauffe, qui pourrait être causée par une panne.

Si, de façon plus anecdotique, certains se plaignent de l’odeur de caoutchouc du casque (« Ça m’a pris le crâne tout de suite », rapporte wesmp), ou de fixation qui peuvent faire mal à la tête (« J’ai peur qu’il ne tombe donc je le serre à fond », s’inquiète _CrashBandicoot), nombreux, en revanche, sont ceux qui reprochent au PS VR de ne pas être très pratique à porter avec des lunettes. « C’est gênant, il y a des reflets bien visibles. Vraiment dommage, se plaint sion_hunter. Et la buée arrive assez vite. Dans l’ensemble je suis mitigé. »

Driveclub VR - Launch Trailer | PS VR
Durée : 00:53

Mal des transports

Sans surprise, le casque de Sony se rend surtout coupable de cinétose, ou mal des transports. C’est le principal problème du PS VR, le seul auquel la majorité des joueurs, même les plus enthousiastes, semble confrontée. « C’est Sony et on le sent bien, commente un Jeypman au départ satisfait, mais qui reconnaît que les choses se gâtent après la première demi-heure. C’est encore trop récent pour moi mais je crains ne pas pouvoir y passer plus d’une heure non stop. Je ne suis pourtant pas sujet à ce genre de choses dans la vie. »

A l’intention de ceux-là, Patbab conseille de prendre leur mal en patience. Celui qui reconnaît avoir été malade le premier jour explique aller mieux. « Aujourd’hui, nickel. Comme quoi le cerveau s’habitue ! » Sur le forum Reddit, des utilisateurs ont d’ailleurs compilé un certain nombre de conseils à l’usage de ceux qui se sentiraient mal en utilisant leur PS VR.

Plus désagréable que le Vive

Un mal tellement répandu qu’une minorité d’acquéreurs envisagent déjà de ramener leur casque en boutique. Sur Jeuxvideo.com, PastoDiPasta a testé le casque deux heures. Ça lui a suffi : « Je suis dégoûté, j’ai des nausées quand j’y joue, l’aliasing est horrible. Je pense le revendre. »

Au-delà de la question de la cinétose, ou motion sickness, quelques-uns ne sont tout simplement pas convaincus par la technologie : « J’ai davantage l’impression d’avoir un écran attaché devant mes yeux plutôt que d’être plongé dans un monde virtuel, constate Lucifon sur NeoGaf. Ce n’est pas encore assez clair pour me convaincre. »

Même constat chez AnthonyBelmonte : « Je ne ressens pas vraiment de sensations en jeu, mais du coup pas de motion sickness non plus. A croire que mon cerveau sait très bien que c’est du fake [NDLR : “faux”] à cause de la qualité d’image. Le mode cinéma est tellement pixelisé que quand j’ai mis FIFA 17 j’ai eu l’impression de ressortir mon jeu Coupe du Monde 98 sur Nintendo 64. J’ai fait un pari sur mon achat : pour l’instant, je l’ai perdu. »

Des retours qui peuvent paraître inquiétants, au point que certains joueurs qui avaient commandé le casque ont préféré faire machine arrière, à l’image de CallMeZemmour. « Je reviens de Micromania, j’ai annulé ma commande. Le vendeur m’a dit qu’il avait eu pas mal d’annulations. »

Thumper - Rhythm Hell Trailer | PS VR
Durée : 01:29

« Thumper », le succès surprise

Voilà pour la technique. Mais quid de la qualité des jeux ? Parmi la vingtaine disponible au lancement, les mêmes noms reviennent souvent. Aussi attendu que court, Batman : Arkham VR semble convaincre les joueurs.

Toujours au chapitre des « gros » jeux, si les graphismes de DriveClub VR font grincer quelques dents, tout le monde s’accorde sur ses qualités immersives.

Plus surprenant, The Playroom récolte aussi des lauriers. « Ce jeu de plateforme est incroyable. J’aimerais que ce soit un jeu entier [plutôt qu’un logiciel de démonstration] », s’enthousiasme Outtrigger888 sur NeoGaf. « Je n’arrive pas à croire que ce soit un jeu gratuit », renchérit Lapidus’Beard.

Même chose pour l’impressionnante démo de Shark Encounter. Fusebox raconte : « Non. Non-non-non. J’ai tenu vingt secondes, jusqu’à ce que je regarde vers le bas, vers les abysses. J’ai découvert que j’avais la phobie d’être suspendu au-dessus de failles maritimes sans fond. Qui l’aurait cru ? »

Mais le titre qui remporte, sans discussion possible, tous les suffrages, c’est Thumper. Ce jeu de rythme (également disponible sous Windows et jouable également sans PS VR) semble justifier à lui seul de s’essayer au casque de Sony. Pour Gemeanie, c’est simple : « Thumper, c’est du crack », en faisant référence aux vertus supposément addictives du jeu du studio Drool. « Une expérience à lui tout seul », résume Moza.

Si on doute que ce seul jeu suffise à convaincre les joueurs de craquer pour le casque à 400 euros, il va falloir surveiller la centaine d’autres titres qui, à en croire Sony, seraient actuellement en développement.