ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

C’est à 11 heures, sur la colline du château qui surplombe Nice et son interminable promenade des Anglais, qu’a été rendu samedi 15 octobre, l’hommage national aux 86 personnes tuées lors de l’attentat de Nice. Les jours précédant la cérémonie, des pluies diluviennes s’étaient abattues sur la ville, provoquant le report de la cérémonie, notamment pour des raisons de sécurité liées aux orages.

A l’ombre des pins parasols logés sur cette fortification, l’une des plus puissantes de l’arc méditerranéen, plus de 2 000 personnes étaient venues autour du monument aux morts de la ville de Nice. Plus de la moitié sont des proches des personnes tuées, des blessés, mais aussi des celles qui se trouvaient sur la promenade des Anglais ce soir du 14 juillet et ont été choquées par ce qu’elles ont vécu.

Dans les rangs des politiques se sont installés François Hollande, son prédécesseur Nicolas Sarkozy, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, des responsables de droite (Bruno Le Maire, Alain Juppé, François Fillon) et d’extrême-droite, avec Marine Le Pen et Marion-Maréchal-Le Pen. Etaient également présents les ambassadeurs des 19 pays qui ont eu à déplorer des morts et des blessés.

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« Notre tristesse est indéfinissable »

Endeuillée par la mort de six membres de sa famille, Cindy Pellegrini a pris la parole au nom de l’association de victimes Promenade des Anges | VALERY HACHE / AFP

Pour ouvrir la cérémonie, La Marseillaise a été jouée par l’orchestre de la garde républicaine, après que le président de la République a adressé ses honneurs militaires et avant la revue des troupes.

Endeuillée par la mort de six membres de sa famille, Cindy Pellegrini a pris la parole au nom de l’association de victimes Promenade des Anges, fondée au début d’août. « En ce 14 juillet, vous vouliez admirer le ciel et non pas le rejoindre (…) Aujourd’hui, Nice et la France entière pleurent 86 victimes. Notre tristesse est indéfinissable », a lancé la jeune femme à la chevelure blonde et aux yeux aigues-marines. Avant de conclure, des sanglots dans la voix :

« Nous espérons au plus profond de notre cœur que désormais, chaque 14 juillet, chacun d’entre vous admirera le ciel en pensant que chaque étoile est une vie brisée à jamais. »

A la fin de son discours, repartant vers les tribunes, la jeune femme a enfoui son visage dans ses mains, ne retenant plus ses larmes, alors que Julien Clerc débutait au piano l’interprétation d’Utile composée dans les années 1990 en référence à la révolution chilienne :

« Comme une langue ancienne qu’on voudrait massacrer, je veux être utile, à vivre et à rêver (…) Dans n’importe quel quartier d’une lune perdue. Même si les maîtres parlent et qu’on ne m’entend plus »

86 roses blanches, des pleurs dans le silence

Le moment le plus le plus éprouvant de la cérémonie a eu lieu quand les élèves du lycée Masséna, vêtus de noir, sont venus, un à un, déposer une rose blanche sur la fontaine éphémère, pendant que le nom des 86 victimes était énuméré solennellement.

Le silence de plomb était rompu à de rares moments par les bruits d’un nouveau-né. Pendant ces quinze longues minutes, des proches de victimes étouffent leurs larmes, D’autres essuient inlassablement leurs joues. Un adolescent fond en larmes en entendant, dans la multitude des noms énumérés, celui de sa grand-mère. Un enfant dort dans les bras de son père qui est en sanglots.

A ce moment-là, la foule prend la mesure de l’ampleur de cette attaque terroriste. Un attentat qui a touché Mario 92 ans, et Léana, 2 ans. Un attentat qui a décimé des familles - une tante et son neveu, une grand-mère et son petit-fils, un couple de retraité - et n’a épargné aucune religion.

« Cette entreprise maléfique échouera »

Hollande s'incline devant les familles des victimes à l'issue de son discours. | Laurent Carre

Au début de son discours, c’est sur ce point que François Hollande met l’accent :

« Les victimes de cette barbarie n’avaient pas toutes la même origine, pas toutes le même parcours, pas toutes la même couleur de peau, pas toutes la même religion mais elles sont unies aujourd’hui par le malheur »

« Ce qui a été frappé le 14 juillet, c’est l’unité nationale », a dit le chef de l’Etat, avant d’ajouter :

« Eh bien, non, je vous dis non, cette entreprise maléfique échouera, l’unité, la liberté, l’humanité, au bout du compte, prévaudront. »

Comme un message d’espoir, permettant aussi d’appuyer le discours d’unité nationale de M. Hollande, le Chœur des enfants de l’Opéra de Nice Côte d’Azur a interprété la Marseillaise, habituellement chantée par la garde républicaine, et marquant la fin de la cérémonie.