En Ile-de-France, le combat politique se pratique avec un casque de chantier et des croquis d’architectes. Valérie Pécresse a fait le choix des seconds pour guerroyer contre la Métropole du Grand Paris (MGP). La présidente (Les Républicains) de la région souhaite la disparition de l’institution métropolitaine qui, depuis janvier 2016, englobe Paris et les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne).

Anticipant la suppression de cette instance qu’elle espère à la faveur d’une alternance en 2017, Mme Pécresse a réalisé, vendredi 14 octobre, une OPA sur la marque. Elle a obtenu le vote de la majorité des groupes de l’assemblée régionale (hormis le FN) en faveur du lancement d’un concours baptisé « Dessine-moi le Grand Paris de demain ».

« Le romantisme du Grand Paris reste à créer, s’exclamait jeudi à l’hôtel de région Didier Bariani, vice-président chargé du Grand Paris à la région. L’enjeu est d’illuminer et de mettre un peu de beauté dans son paysage. »

« Speed dating entre les élus et les promoteurs »

D’ici à la fin 2016, dix à quinze projets d’urbanisme portés par des maires franciliens seront sélectionnés par un jury composé d’élus régionaux de la majorité et de l’opposition. L’Ile-de-France allouera aux communes lauréates jusqu’à 60 000 euros pour rémunérer des cabinets d’architectes qu’elles auront sollicités.

« La région met de l’argent sur la table, pour encourager l’exigence architecturale, se prévaut Geoffroy Didier, vice-président (LR) chargé du logement à la région. Contrairement à la métropole, notre collectivité ne se contente pas de jouer les agents immobiliers en organisant un speed dating entre les élus et les promoteurs. »

Ce disant, M. Didier cible le concours d’urbanisme intitulé « Inventons la métropole ». Soucieux d’asseoir la légitimité de l’institution métropolitaine, Patrick Ollier, son président (LR), a attiré le 10 octobre plus d’un millier de promoteurs, architectes, urbanistes ainsi qu’une kyrielle de maires et d’élus franciliens à la présentation des 61 sites sélectionnés dans le cadre d’un appel à projets d’aménagement dont les gagnants seront connus en janvier 2017. « Ce concours est l’acte de naissance de la métropole, s’est félicité M. Ollier. Je ne vois pas comment après le formidable élan que nous venons de créer, on pourra remettre en cause son existence. »

« Combat politicien d’arrière-garde »

Un face-à-face région-métropole, au milieu duquel Anne Hidalgo ne ménage pas ses efforts. La maire de Paris a soufflé à M. Ollier l’idée du concours « Inventons la métropole ». « On a bien compris pourquoi Mme Hidalgo souhaite mettre en valeur la métropole auprès des maires, affirme Pierre-Yves Bournazel, élu régional (LR). Elle espère en prendre la tête en 2020. » Las. Selon Mme Pécresse, c’est à l’échelle de la région-capitale que doit être mené le combat pour l’attractivité de l’Ile-de-France.

Un avis que ne partage pas Mme Hidalgo :

« La métropole est l’échelle stimulante pour la mise en commun des politiques de logement, de transport au niveau de l’agglomération. Son rôle est reconnu par les acteurs économiques. Elle est même devenue une évidence. Vouloir sa mort est un combat politicien d’arrière-garde. »

Dans sa défense de l’institution métropolitaine, M. Ollier a aussi reçu le renfort de Manuel Valls. Le premier ministre a sanctuarisé un fonds de 100 millions d’euros financé par le programme d’investissements d’avenir et des prêts de la Caisse des dépôts pour sponsoriser les aménagements des 61 terrains et bâtiments en lice. Parmi les sites retenus, trois se situent en Essonne, le département de M. Valls. Bien que n’étant pas dans le périmètre de la MGP, ils ont été admis à concourir. « Ce qui donne raison à Mme Pécresse quand elle dit que les frontières de la métropole sont artificielles », ironise M. Didier.