WikiLeaks promet des révélations sur les élections américaines
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Pour ses dix ans d’existence, WikiLeaks a promis de nouvelles révélations avant l’élection présidentielle américaine, en diffusant quasi quotidiennement des documents dérobés sur le compte e-mail du directeur de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta.

« Tous les documents relatifs aux élections américaines sortiront avant le 8 novembre », a promis Julian Assange le 4 octobre, lors d’une conférence de presse à Berlin à laquelle il participait par vidéo.

Qu’apprend-on à travers ces courriels ?

Dimanche 16 octobre, les e-mails publiés concernaient la manière de gagner le vote des Afro-Américains. La veille, ce sont des discours d’Hillary Clinton rémunérés par la banque Goldman Sachs, en 2013 et 2014, qui ont été dévoilés. Ces derniers illustrent l’étroitesse des liens entre l’ancienne secrétaire d’Etat et Lloyd Blankfein, le patron de la banque d’investissement.

Dans un discours prononcé en octobre 2013 pour Goldman Sachs – après qu’elle a quitté son poste de secrétaire d’Etat et avant son entrée dans la campagne présidentielle –, Mme Clinton suggère que des actions doivent être menées afin de maîtriser les abus de Wall Street :

« Il y avait aussi une nécessité d’agir pour des raisons politiques. Si vous êtes un élu du Congrès, que des personnes dans votre circonscription perdent leur emploi et que partout dans la presse il se dit que c’est la faute de Wall Street, vous ne pouvez pas rester assis et ne rien faire. »

Selon le New York Times (qui soutient la candidate démocrate), Mme Clinton se montre aussi adepte de la « realpolitik » et des « actions clandestines menées par les Etats-Unis ». A propos du conflit en Syrie, elle propose d’armer secrètement les rebelles et de contrer la Russie qui soutient le régime de Bachar Al-Assad.

Elle affirme que Washington ne peut accepter que la Corée du Nord développe un missile balistique intercontinental capable de transporter une ogive miniaturisée. Ce missile, dit-elle, pourrait non seulement menacer le Japon et la Corée du Sud, mais également Hawaï et la côte ouest des Etats-Unis.

« Nous allons entourer la Chine de missiles de défense. Nous allons renforcer notre flotte dans la région (…). Allez, la Chine. Ou vous les contrôlez, ou nous allons devoir nous défendre contre eux. »

Hillary Clinton souligne qu’elle considère le numéro un chinois, Xi Jinping, comme « plus expérimenté » que son prédécesseur, Hu Jintao. Elle déclare aussi avoir fait savoir au gouvernement chinois que les Etats-Unis ont autant le droit de revendiquer une position dans le Pacifique que la Chine, parce que la zone a été libérée par les Etats-Unis lors de la seconde guerre mondiale.

Ces e-mails sont-ils authentiques ?

L’équipe de campagne de Mme Clinton ne conteste pas l’authenticité de ces documents. Elle accuse le gouvernement russe d’être responsable de ces fuites – un point de vue partagé par le gouvernement américain – et WikiLeaks d’aider Donald Trump dans la course à la Maison Blanche. « La seule chose qui est absente des messages diffusés par WikiLeaks est Hillary Clinton », écrit pour sa part le Wall Street Journal (le journal n’a pas appelé à voter pour l’un des deux candidats, même si l’une des membres de son comité éditorial s’est prononcée en faveur de la démocrate).

Dans le même esprit, un éditorialiste du Los Angeles Times (qui soutient la candidature d’Hillary Clinton), note que les documents divulgués par WikiLeaks n’offrent aucune révélation majeure sur la candidate ou sur ses pratiques : « Hillary Clinton telle qu’elle apparaît dans ces pages est la même que celle que vous aimez, tolérez ou détestez. »

Ces révélations bénéficient-elles à Donald Trump ?

Empêtré dans une série de polémiques – propos obscènes sur les femmes, accusations concernant les déroulements des élections –, le milliardaire essaie d’utiliser, en vain pour l’instant, ces courriels volés.

Mike Pence, le colistier de Donald Trump pour le ticket républicain, voit l’œuvre de la Russie dans les récents piratages informatiques en rapport avec l’élection du 8 novembre, contredisant le magnat de l’immobilier, qui dit douter de l’implication de Moscou.