Le siège du Comité olympique russe à Moscou, le 10 novembre 2015. | MAXIM SHEMETOV / REUTERS

La justice française a ordonné une incarcération – la première dans le dossier de l’enquête sur des soupçons de corruption pour masquer des cas de dopage chez des athlètes russes – en visant Habib Cissé, ex-conseiller de l’ancien patron de l’athlétisme mondial Lamine Diack.

L’incarcération a été ordonnée la semaine dernière par un juge des libertés et de la détention, à la demande des juges d’instruction, a rapporté une source proche de l’enquête. Le parquet national financier n’a fait aucun commentaire.

Appel des avocats

Officiellement conseiller juridique de Lamine Diack, qui présida l’IAAF (Fédération internationale d’athlétisme) pendant quinze ans, Habib Cissé avait été mis en examen pour corruption au début de novembre 2015, tout comme Lamine Diack et le médecin français Gabriel Dollé, chargé jusqu’à la fin de 2014 de la lutte antidopage à l’IAAF.

« Cette décision est invraisemblable et injustifiée », ont réagi les avocats d’Habib Cissé, Mes Louis-Marie de Roux et Cédric Labrousse, qui ont fait appel. Les avocats n’ont fait aucun autre commentaire sur les motifs qui ont poussé la justice à ordonner ce placement en détention provisoire.

  • Les faits

A la tête de l’IAAF, où il a régné de 1999 à 2015, Lamine Diack est soupçonné d’avoir fermé les yeux sur des cas de dopage d’athlètes en Russie pour leur permettre de participer aux Jeux olympiques de Londres 2012, en échange de fonds.

Les enquêteurs soupçonnent Habib Cissé, 44 ans, avocat de profession, d’avoir joué un rôle clé. Devenu à la fin de 2011 l’homme de l’IAAF chargé du suivi des passeports biologiques (documents contenant l’historique des contrôles) des athlètes russes, il s’était fait remettre une liste de sportifs soupçonnés de dopage, soit vingt-trois noms.

Il s’était alors rendu plusieurs fois à Moscou et les enquêteurs le soupçonnent d’avoir été missionné par Lamine Diack pour trouver des arrangements avec la fédération russe d’athlétisme.

  • Les explications

« Je n’ai jamais été au courant d’un pacte de corruption », avait répondu Habib Cissé le 3 novembre 2015, dans le bureau des juges d’instruction, selon une source proche du dossier.

En garde à vue, Lamine Diack, aujourd’hui âgé de 82 ans, s’était montré plus bavard et avait donné une tournure politique au dossier. Il avait expliqué que Moscou, à travers le président d’alors de sa fédération d’athlétisme, Valentin Balakhnichev, également trésorier de l’IAAF à l’époque, lui avait apporté une contribution de 1,5 million d’euros.

Une somme « distribuée à des associations et à des sphères d’influence » pour contribuer à éviter une réélection à un troisième mandat d’Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012 au Sénégal, toujours selon des déclarations de Lamine Diack.