Marine Le Pen mardi 18 octobre, à « Planète PME », dans les salons du palais Brongniart, à Paris. | ALAIN JOCARD / AFP

La visite a duré à peine plus d’une heure. Le temps de constater que les petits patrons accueillent désormais Marine Le Pen comme n’importe quelle autre personnalité politique. La présidente du Front national (FN) était reçue, mardi 18 octobre, à « Planète PME », la vitrine annuelle des 3,5 millions de TPE-PME françaises, organisée par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), dans les salons du palais Brongniart, à Paris.

Le vice-président de la CGPME, Frédéric Grivot, s’est chargé de guider la candidate frontiste à l’élection présidentielle d’un stand à l’autre. La veille, les candidats à la primaire du parti Les Républicains avaient eux aussi eu droit aux honneurs de la confédération. Rien de plus normal, aux yeux des patrons, que d’accueillir tout le monde.

« Elle fait partie du paysage. Le FN, c’était un sujet il y a dix ans, ça ne l’est plus aujourd’hui », estime Claude Morel, président de la CGPME des Alpes-de-Haute-Provence, qui reconnaît même qu’« un certain nombre de patrons sont passés du poujadisme au FN ».

Discours calibré

« On doit respecter toutes les idées, de gauche, de droite. Le FN n’est pas interdit que je sache. Et Marine Le Pen est la seule à avoir eu le courage de signer en 2013 une pétition pour la suppression de la directive sur les travailleurs détachés », se félicite de son côté Daniel Nicolardot, vice-président de la Fédération française du bâtiment. Une fédération dont est membre Philippe Eymery, président du groupe FN au conseil régional des Hauts-de-France.

La députée européenne, elle, boit du petit-lait. Ici, ce n’est pas le Medef, dont le président Pierre Gattaz avait pris position contre le FN avant les élections régionales, en 2015.

La candidate a préparé un discours calibré pour ses interlocuteurs. Elle dénonce « la concurrence déloyale des grosses entreprises contre les petites », loue les PME, qui sont « le cœur de l’activité de notre pays ». En cas d’accession à l’Elysée, Mme Le Pen promet d’abroger le compte pénibilité, qui permet aux salariés exerçant un métier pénible d’accumuler des points en vue d’une retraite anticipée, d’un passage à temps partiel ou d’une reconversion. Les petites entreprises pestent contre une mesure jugée trop complexe à mettre en place. « La meilleure contrepartie à la pénibilité, c’est le salaire », lâche Mme Le Pen, qui dénonce une « loi de fous ».

Depuis la rentrée, la fille de Jean-Marie Le Pen égrène des petits cailloux destinés à rassurer l’électorat de droite, échaudé par son programme économique, supposément « de gauche ». Pour le discours de clôture de ses Estivales à Fréjus, le 17 septembre, elle avait dénoncé « l’injustice fiscale, les contraintes réglementaires, juridiques, qui sanctionnent la réussite, qui découragent l’initiative ».

Dans ce tableau, un absent est à noter : François Asselin, le président de la CGPME. Au moment de la visite de Mme Le Pen, il discourait dans un amphithéâtre voisin, sur le thème de « la France qui gagne ».