Documentaire sur France 2 à 23 h 15

Bassam dans « Au nom du père, du fils et du djihad », de Stéphane Malterre. | CAT ET COMPAGNIE

Lors du dernier Festival international des programmes audiovisuels (FIPA) en janvier à Biarritz, le documentaire de Stéphane Malterre Au nom du père, du fils et du djihad avait déstabilisé nombre de festivaliers. La question – légitime – était de savoir comment filmer les djihadistes sans prendre le risque de relayer la propagande de l’organisation Etat islamique.

La projection du film de Stéphane Malterre venait après les attentats du 13 novembre 2015 et surtout celle de Salafistes, réalisé par François Margolin et Lemine Ould Salem. D’où une certaine confusion. Salafistes, qui offre, sans filtre et sans commentaires, une tribune aux chefs et idéologues salafistes, avait suscité la polémique. D’abord interdit aux moins de 18 ans, le film est sorti fin janvier sans aucune interdiction après une bataille juridique.

Si le documentaire de Stéphane Malterre raconte l’itinéraire d’une famille française d’origine syrienne, les Ayachi, qui retourne sur sa terre natale pour y faire le djihad, il se distingue par une prise de distance et des contrechamps qui le préservent de toute simplification et de toute forme de propagande non maîtrisée.

Fauché par un mortier

Le journaliste nous entraîne aux côtés d’Abderrahman Ayachi, qui, à la tête de sa milice ne comptant pas moins de six cents combattants, part à l’assaut d’une forteresse tenue par l’armée syrienne. Après un échange de tirs, il est fauché par un mortier devant la caméra du journaliste.

Abdelrahman dans « Au nom du père, du fils et du djihad », de Stéphane Malterre. | CAT ET COMPAGNIE

De retour en Europe, Stéphane Malterre rencontre sa famille. Il y a le père, un ancien soixante-huitard devenu imam et suspecté d’être le numéro deux d’Al-Qaida, la mère, étudiante convertie à l’islam dans les années 1980 et les frères. Apprenant la mort de son fils, le père part en Syrie poursuivre le combat. Stéphane Malterre le suit, le filme sur les terres de ses ancêtres où il applique la charia tout en combattant le régime de Bachar Al-Assad. « J’ai présenté le père et le fils comme des djihadistes qui ne sont pas pour autant des terroristes », nuance le journaliste dans un entretien à Télérama. A travers de nombreux entretiens, le journaliste raconte la trajectoire de cette famille des années 1970 à nos jours. Désarçonnant à son début, le documentaire n’en reste pas moins passionnant.

Au nom du père, du fils et du djihad, de Stéphane Malterre (Fr., 2016, 120 min).