La délégation des « casques blancs », le 18 octobre à l’Assemblée nationale. | BERTRAND GUAY / AFP

Vu de l’hémicycle, l’hommage est quasiment unanime. Les parlementaires français ont applaudi longuement une délégation de responsables civils d’Alep à l’Assemblée nationale, mardi 18 octobre. Abdel Rahman Al-Mawwas était « fier ». Le vice-président de la défense civile syrienne, ces « casques blancs » volontaires qui plongent les premiers dans les décombres, pour en tirer les victimes des bombardements du régime et de son allié russe, ne porte pas l’habit clair de son organisation, mais le costume-cravate.

Il écoute, raide, le premier ministre, Manuel Valls : « Vous pouvez compter sur la France pour exiger un cessez-le-feu, et pas une trêve de quelques heures. » La Russie a annoncé au matin une pause dans ses bombardements sur Alep, censée permettre jeudi l’évacuation de civils des quartiers est assiégés. Les rebelles n’y croient pas, deux trêves déjà ont échoué en juillet et en septembre.

« Malaise »

L’organisation de M. Al-Mawwas, qui dénonce ce pilonnage, figurait cette année parmi les favoris pour le prix Nobel de la paix. La quinzaine de députés français ayant voyagé, depuis 2015, à Damas pour rencontrer Bachar Al-Assad, se font discrets. Mais la critique est exprimée. Jacques Myard (LR) dit son « malaise » et Gérard Bapt (PS), « vit très mal » ce qu’il considère comme « une opération de communication », vouée à éclipser, dit-il, les souffrances des quartiers ouest d’Alep, tenus par le régime. Des groupes rebelles les bombardent au mortier. « Mais pas par avion » dans une campagne massive, relève Elisabeth Guigou (PS), présidente de la commission des affaires étrangères, à l’initiative de cette visite.

Mercredi, la délégation syrienne devait rencontrer François Hollande, à l’Elysée. « Rien que ça », soupire Pierre Lellouche. En commission, le député LR s’agace de leur refus de mentionner les combattants djihadistes, appelés à la rescousse en septembre par certaines brigades rebelles, et qui tentent de briser le siège d’Alep. Il « s’interroge » sur la représentativité de cette délégation, qui comprend une autorité politique – Hagi Hasan Brita, président du comité civil d’Alep – et un médecin qui a quitté la ville en août. « Qui représentez-vous ? Qui vous finance ? », demande M. Lellouche. M. Al-Mawwas est combatif : il demande au député son courriel, pour qu’on lui fasse parvenir les comptes. Son organisation est financée par cinq gouvernements occidentaux, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni – gage de survie, mais source de critiques à Damas comme à Moscou. Et parfois à Paris.