Michèle Rivasi y croyait dur comme fer : elle voulait être la surprise de la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts. « Tout est possible, assurait l’intéressée. J’ai joué sur les combats que j’ai menés : le nucléaire, les boues rouges, les lobbys agroalimentaires… » Mission accomplie pour la députée européenne qui réclamait l’organisation d’une primaire écologiste.

Dans cette compétition, où le fond fait peu débat entre les prétendants à l’investiture, Michèle Rivasi se présentait comme « la candidate de l’authenticité ». Cette professeure agrégée de biologie, normalienne, se fait connaître en 1986 en dénonçant le « mensonge d’Etat » sur le nuage de Tchernobyl. Elle cofonde la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) puis le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM).

« Jadot était mon salarié »

Elle se lance en politique en 1997 en décrochant le siège de députée apparentée PS de la Drôme. Cinq ans plus tard, elle est balayée par la vague bleue. En 2003, elle fait un bref passage à la direction de Greenpeace France où elle croise Yannick Jadot, alors directeur des campagnes de l’ONG environnementale. Les relations entre les deux sont tendues, le premier rendant peu de comptes à la seconde. « Jadot était mon salarié, raconte-t-elle. Mais il fallait un peu le rappeler à l’ordre, il jouait les mâles dominants. »

Leurs retrouvailles aux européennes de 2009 sous la bannière d’Europe Ecologie les obligent à mettre de côté leur passé commun. Elue dans le Sud-Est, Michèle Rivasi quitte son poste de vice-présidente du conseil départemental de la Drôme et celui d’adjointe au maire de Valence. Au Parlement européen, l’élue s’impose comme une spécialiste des questions de santé environnementale.

« Réseaux personnels »

Six ans plus tard, l’investiture manque de lui échapper : à la suite de magouilles de congrès, la direction de l’époque veut imposer une autre tête de liste. Michèle Rivasi finit par l’emporter et gagne son ticket pour Strasbourg mais elle garde une dent contre ceux qui ont voulu lui barrer le chemin, à commencer par Cécile Duflot. « Ce qui m’a sauvée, c’est le vote des militants, pas la firme », juge-t-elle en référence à ceux qui sont accusés d’avoir verrouillé le parti.

En difficulté en interne, l’élue a tout misé sur l’externe. Résultat : son département, la Drôme, arrive dans le peloton de tête du nombre de sympathisants inscrits à la primaire. « Ça ne m’étonne pas. Les réseaux personnels de Michèle jouent à plein », glisse Thierry Brochot, trésorier d’EELV. Sur sa profession de foi, elle a mis en bonne place sa principale prise de guerre : Pierre Rabhi, fondateur du mouvement des Colibris, une figure qui compte chez les écolos.