Des sasques blancs syriens recherchent des victimes parmi les décombres d’un immeuble bombardé du quartier rebelle Qatarji, à Alep, le 17 octobre 2016. | KARAM AL-MASRI / AFP

Le cessez-le-feu, décrété par Moscou, semble mal engagé. Des combats ont éclaté dans un des couloirs censés s’ouvrir pour évacuer les civils et les rebelles qui le souhaitent alors que la trêve « humanitaire » est entrée en vigueur jeudi 19 octobre.

Des affrontements et des tirs d’artillerie ont éclaté dans le couloir établi près du quartier rebelle Boustane Al-Qasr, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), peu après l’entrée en vigueur de la « pause humanitaire », qui a débuté à 8 heures (heure locale). Un photographe de l’agence a confirmé avoir entendu ces tirs près du passage de Boustane Al-Qasr, qui relie la zone rebelle à la zone tenue par le gouvernement, tandis que l’agence officielle Sana a accusé « des groupes terroristes » d’être responsables des tirs.

Huit couloirs humanitaires, dont six pour l’évacuation de civils, de malades et de blessés, et deux pour le retrait de rebelles armés, ont été mis en place, a annoncé mercredi l’état-major russe. Situés essentiellement près des écoles et des mosquées, les points d’entrée des couloirs humanitaires seront surveillés par des drones, a indiqué l’armée russe.

Selon la même source, dix-sept autocars et quinze ambulances seront déployés dans le sud et le nord de la ville, et des employés des Nations unies ainsi que des volontaires du Croissant rouge syrien doivent aider à l’évacuation des civils.

Quant au déroulement de l’évacuation, il sera diffusé en temps réel sur le site du ministère russe de la défense grâce à des caméras de vidéosurveillance installées près des couloirs humanitaires, a précisé Moscou.

« Défendre notre peuple »

Après des entretiens à Berlin avec les dirigeants français et allemand, le président russe, Vladimir Poutine, s’est dit prêt à prolonger « autant que possible » l’arrêt des frappes aériennes. Les équipes chargées d’acheminer de l’aide dans Alep ont toutefois besoin « d’au minimum 48 heures » de pause dans les combats, a précisé Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Nations unies pour l’aide humanitaire (OCHA).

Dans des messages diffusés par des haut-parleurs, l’armée syrienne a appelé les habitants des quartiers Est à « saisir la chance » qui leur était offerte pour évacuer « les blessés ». La trêve, censée durer trois jours, prévoit un arrêt des combats entre 8 heures et 16 heures, selon un photographe de l’AFP.

« Nous n’avons que faire de l’initiative russe, ils ont violé toutes les initiatives précédentes, et nous ne leur faisons aucunement confiance », a pour sa part indiqué à l’AFP Yasser Al-Youssef, un responsable de l’influent groupe rebelle d’Alep Noureddine Al-Zinki. « Nous ne renoncerons pas à notre droit à défendre notre peuple et à nous défendre nous-mêmes devant la machine à tuer des Russes et du régime. »

« Risquer ma vie »

Si des habitants des zones rebelles interrogés par le correspondant de l’AFP ont exprimé le souhait de partir, ils restent pour le moins sceptiques face à cette annonce de trêve « humanitaire ».

« Même si j’ai besoin de sortir d’ici, à cause de la détérioration des conditions de vie avec le siège et le manque de nourriture et de travail, je ne vais pas risquer ma vie ni celle de ma famille et être le premier à emprunter ces passages », a indiqué Mohamed Shayah, au chômage et père de quatre enfants.

Les Nations unies estiment pour leur part que le cessez-le-feu n’a d’intérêt que s’il est associé à l’envoi d’aide humanitaire à destination de ceux qui veulent rester à Alep.