Le camp de Norrent-Fontes, le 14 septembre 2016. | DENIS CHARLET / AFP

Quatre migrants ont été mis en examen pour « homicide en raison de l’ethnie » à la suite d’une rixe lundi soir, qui a coûté la vie à un migrant soudanais au camp de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), a-t-on appris, vendredi 21 octobre, de source judiciaire.

Les quatre mis en cause, des Erythréens nés entre 1980 et 1995, « encourent quinze ans de réclusion criminelle », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) le substitut du procureur de Béthune, Julien Michel. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Béthune, pour « chef d’homicide aggravé contre X » et « non-assistance à personne en péril », selon M. Michel.

Dans ce camp, regroupant entre 150 et 200 habitants, des violences ont éclaté lundi dernier peu avant minuit entre une cinquantaine de migrants soudanais et érythréens alcoolisés, a rapporté la préfecture du Pas-de-Calais. Le corps d’un migrant a ensuite été retrouvé à quelques centaines de mètres de ce camp, d’après la même source.

« Insubordination »

« A priori, contrairement à ce qu’on pouvait penser au début, ce sont plusieurs coups violents qui auraient entraîné la mort, selon les premières conclusions de l’autopsie. Les personnes [mises en examen] semblaient imposer leur loi sur le camp, et la victime se serait rebellée », a indiqué le substitut du procureur de Béthune.

Le migrant décédé « s’était accroché à plusieurs reprises avec les passeurs. Dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 octobre, les passeurs ont voulu lui faire payer cette insubordination et l’ont battu à mort », ont indiqué dans un communiqué commun huit associations, dont Terre d’errance, principale association présente dans le camp.

Elles ont par ailleurs refusé de qualifier les événements de « rixe interethniques » préférant le terme « d’agression caractérisée de quelques hommes contre un autre en situation de précarité ».

Aucune solution de relogement

Mi-octobre, la mairie de Norrent-Fontes et des propriétaires privés avaient été déboutés par le tribunal de grande instance de Béthune de leur demande d’évacuation d’un terrain où vivent des migrants dans des conditions précaires.

Saisi en référé, le tribunal avait jugé que les requérants ne proposaient « aucune solution concrète et durable pour le relogement » des migrants aux abords de cette commune de 1 500 habitants.