Un campement rom proche du périphérique parisien, en décembre 2015. | Jacques Brinon / AP

Un important campement rom de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), qui a compté jusqu’à 600 habitants, a été évacué vendredi 21 octobre au matin en application d’une décision de justice.

Environ 200 Roms étaient présents lors de l’expulsion, qui a débuté aux alentours de 8 heures, a indiqué la préfecture de Seine-Saint-Denis, rappelant qu’elle ne faisait qu’exécuter une décision de justice prise avant l’été. Le TGI de Bobigny avait ordonné aux occupants de quitter les lieux au plus tard le 15 octobre. Comme cela se produit habituellement, beaucoup d’habitants étaient déjà partis quand les pelleteuses sont entrées en action.

Installé depuis septembre 2015 sur un terrain appartenant à la SNCF, ce campement était devenu « insalubre » du fait notamment des nombreux déchets s’y trouvant. « Par endroits, ils pouvaient s’accumuler sur plus de trois mètres de hauteur », a souligné la préfecture.

Jouxtant une centrale qui alimente Paris en chauffage urbain, le bidonville menaçait aussi la « continuité de ce service public », ont expliqué les services de l’Etat. Selon eux, la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) ne pouvait mener à bien une série d’importants travaux, au risque d’« interrompre la continuité de ce service public, particulièrement essentiel en hiver ».

« Toutes les démarches d’insertion sont à recommencer »

Le campement a aussi fait parler de lui le mois dernier en raison du refus du maire DVD (divers droite), William Delannoy, de scolariser dans les écoles de sa commune cinq enfants roms qui y vivaient. La préfecture de Seine-Saint-Denis l’avait mis en demeure de procéder à leur inscription. Les cinq enfants ont depuis été inscrits dans des écoles maternelles et élémentaires de la ville, a assuré la préfecture.

A cause de cette évacuation, « les familles vont être totalement éparpillées et toutes les démarches d’insertion sont à recommencer », a déploré Baptiste Pascal D’Audaux, de l’association ASET 93 (Aide à la scolarisation des enfants tziganes).

C’est la deuxième fois que ce campement est évacué. En 2013, un millier de Roms qui vivaient sur ce terrain, où doivent être construits des logements et des bureaux dans le cadre du projet d’aménagement des anciens docks de la ville, avaient déjà été expulsés. Selon un rapport de la Ligue des droits de l’homme et de l’European Roma Rights Centre, plus de 11 000 Roms ont été délogés de leurs campements en France en 2015.