Le réalisateur Michael Moore lors de la projection de son documentaire-surprise, « TrumpLand », à New York, le 18 octobre 2016. | KENA BETANCUR/AFP

Michael Moore n’a pas toujours fait dans la dentelle pour défendre ses causes. Dans ses précédents films, le cinéaste américain recourait volontiers à la provocation ou à la démonstration par l’absurde pour dénoncer les dévastations du capitalisme (Roger et moi, 1989), démonter le discours pro-armes (Bowling for Columbine, 2002) ou encore établir un réquisitoire féroce contre George W. Bush (Fahrenheit 9/11, 2004).

Or voilà que le réalisateur sort de sa casquette un film-surprise, Michael Moore in TrumpLand, projeté depuis le 18 octobre pour une semaine dans deux salles (à New York et Los Angeles), avant d’être disponible sur iTunes. Le titre laissait présager un règlement de comptes sans pitié contre le candidat républicain à l’élection présidentielle. Mais Moore n’a pas cédé à cette facilité. « Ce pays n’a pas besoin qu’on lui dise que Trump est fou, il le démontre chaque jour lui-même », affirme-t-il. Son pari : faire appel à l’intelligence de l’adversaire en lui donnant des raisons objectives de voter pour Hillary Clinton. De ce point de vue, le film fait figure de parenthèse rafraîchissante au milieu d’une campagne ordurière et dévastatrice pour la démocratie américaine.

Michael Moore in TrumpLand est en fait une conférence filmée que le réalisateur a donnée début octobre dans une salle de spectacle de Wilmington (Ohio), dans le comté de… Clinton, « qui n’est pas le pays de Clinton », s’empresse-t-il de dire. Ce « TrumpLand » ne compte en effet que 500 inscrits démocrates sur un total de 25 000. Lui-même avoue qu’il n’a jamais voté pour un ou une Clinton et que, lors des primaires, il a soutenu l’adversaire d’Hillary, Bernie Sanders.

Michael Moore invite son auditoire à chercher ensemble « le bon chez Hillary ». « Je ne dis pas d’oublier le mal », explique-t-il, mais « tout le monde est capable de dire du bien de quelqu’un, à part peut-être d’Hitler et de Matt Lauer [un présentateur de NBC] ». Pour encourager la salle, il n’hésite pas à diffuser une interview de Trump des années 1990 dans laquelle ce dernier fait les louanges de celle qui n’était pas encore son ennemie.

Drone

Moore cherche à convaincre, pas à provoquer. Seule entorse à ce principe, une mise en scène assez drôle dans laquelle une poignée de spectateurs d’origine mexicaine ont été regroupés au balcon derrière un paravent en forme de mur, tandis que d’autres, d’origine musulmane, isolés du reste de la salle, sont surveillés pendant tout le spectacle par un drone.

Le réalisateur tente tous les arguments pour convaincre qu’Hillary ne serait pas un si mauvais choix. Après une ode à la féminité, il tente même une comparaison avec le pape François, qui « a attendu son heure pendant des décennies avant de devenir militant. Ça fait trente ans qu’Hillary attend son moment et elle va peut-être nous surprendre, comme les célèbres 100 premiers jours de Franklin Roosevelt ». Et si jamais la candidate ne tient pas ses promesses ? « Je m’engage à me présenter en 2020 », plaisante Michael Moore.

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