Un peu plus de 1 000 personnes en provenance de la « jungle » auraient été interceptées par la police belge depuis le mois d’août. Elles tentaient généralement de rejoindre Zeebruges, un port, désormais sous haute surveillance, d’où partent des ferries vers l’Angleterre. | ERIC LALMAND / AFP

À Bruxelles, les autorités belges s’inquiètent à nouveau d’un possible afflux de migrants à la frontière de la Belgique avec la France lors du démantèlement de la « jungle » de Calais. Elles ont décidé de faire pratiquer, dès lundi 24 octobre, des « contrôles intensifs » en Flandre occidentale afin d’empêcher l’installation de campements dans des communes situées pour certaines, comme la station balnéaire de La Panne, à moins de 60 kilomètres de Calais.

Un peu plus de 1 000 personnes en provenance de la « jungle » auraient été interceptées par la police belge depuis le mois d’août. Elles tentaient généralement de rejoindre Zeebruges, un port, désormais sous haute surveillance, d’où partent des ferries vers l’Angleterre.

Jan Jambon, le ministre fédéral de l’intérieur a décidé de mobiliser quelque 50 agents de police supplémentaires pour le renforcement des contrôles après l’annonce du début du démantèlement du camp de Calais. Ils devraient être 120 au total lundi, chargés notamment d’enregistrer les empreintes digitales de tous les migrants qu’ils intercepteraient. Les étrangers - très rares, sans doute, comme l’ont montré les épisodes antérieurs - qui décideraient d’introduire une demande d’asile en Belgique seront orientés vers des centres d’accueil. Les autres devraient être reconduits immédiatement à la frontière.

« Jungle » de Calais : le démantèlement en chiffres
Durée : 00:51
Images : Anna Moreau / Le Monde

Un manque d’effectifs dénoncé

Le plan de M. Jambon, baptisé « Médusa 2 » ne suscite toutefois pas l’enthousiasme des policiers, censés patrouiller 24 heures sur 24 pour cette mission. Quatre de leurs syndicats ont décidé, durant le week-end, d’activer un préavis de grève déposé il y a plusieurs mois. Ce préavis couvrira tout agent décidant de se mettre en grève s’il était mobilisé par l’opération à la frontière franco-belge.

Pour justifier leur décision, les syndicats évoquent la surcharge de travail qui leur est imposée depuis les attentats du 22 mars, à Bruxelles et à l’aéroport de Zaventem. Ils dénoncent un manque d’effectifs qui, selon eux, met en péril la sécurité à divers endroits du pays. Ils soulignent que les dérogations qu’ils avaient acceptées pour des prestations supplémentaires dans la région de la Panne ne couraient que jusqu’à la mi-mai.

Les policiers s’inquiètent, par ailleurs, du cadre légal pour ces missions d’interception et de reconduite des clandestins à la frontière. Le 20 septembre, une équipe avait été interceptée en territoire français par la police nationale française. Ces agents belges déposaient 13 migrants en provenance de la « jungle ». « Une erreur de quelques dizaines de mètres », avait affirmé M. Jambon, en tentant de minimiser l’incident « un tout petit incident ». L’affaire avait toutefois suscité une querelle diplomatique.

« Nous ne voulons plus que se reproduise ce genre de situation » explique, de son côté, Vincent Gilles, du Syndicat libre de la fonction publique, qui réclame une rapide concertation avec le ministre.

Il reste à savoir si le démantèlement de la « jungle » n’aura pas des conséquences ailleurs en Belgique. Le maire de Schaerbeek, l’une des 19 municipalités de la Région de Bruxelles, relevait à la fin de la semaine dernière que 60 clandestins avaient été interceptés à la gare du Nord, située sur le territoire de sa commune. Ils affirmaient venir de Calais.