Edinson Cavani a raté une balle de but dans les dernières minutes. | FRANCK FIFE / AFP

A l’issue d’un match qui a surtout mis en valeur les points faibles des deux équipes, le Paris Saint-Germain et l’Olympique de Marseille ont fait match nul 0-0 dimanche au Parc des Princes, dans le choc de la 10è journée de Ligue 1.

Une victoire tactique pour le nouvel entraîneur marseillais Rudi Garcia et une défaite pour Unaï Emery, dont l’équipe compte désormais six points de points que le leader de Ligue 1 : l’OGC Nice, auteur d’une victoire spectaculaire à Metz dimanche (2-4). L’Olympique de Marseille garde sa place dans le ventre mou, 11è avec 13 points.

Le retour des ultras dans la tribune Auteuil n’a pas suffi à faire de ce « classique » de la Ligue 1 un vrai sommet, car les Marseillais n’ont fait qu’attendre et les Parisiens n’ont pas su exploiter les rares espaces dans la défense phocéenne. L’ennui a dominé sur la pelouse du Parc, gorgée d’eau après une après-midi, et une mi-temps de pluie.

Il s’agit du premier PSG-OM sans but depuis dix ans et la venue à Paris des « minots », les joueurs de l’équipe réserve marseillaise envoyés par le président Pape Diouf pour protester contre le faible quota de places attribués à ses supporteurs. Cette fois encore, il n’y avait pas un supporteur olympien au Parc et le match des Marseillais a beaucoup ressemblé à celui des « minots » : une équipe combative, bien organisée mais trop faible techniquement pour espérer inquiéter l’arrière-garde parisienne, impériale dimanche soir.

Pas un tir pour l’OM

Marseille n’a pas tiré une seule fois au but, une première depuis au moins dix ans en Ligue 1 toutes équipes confondues. Le public de l’OM s’en satisfera pourtant : le PSG avait remporté tous les « classiques » depuis quatre ans.

« On tenait à s’excuser auprès des téléspectateurs qui auraient pu penser qui’on allait faire le jeu », a dit Bafétimbi Gomis à l’issue de la rencontre. « On a fait avec les moyens du bord avec un coach arrivé depuis deux jours. »

Rudi Garcia a pu constater ce qu’il manquait à son équipe. | MIGUEL MEDINA / AFP

Le premier match de Rudi Garcia sur le banc marseillais lui aura apporté deux confirmations : l’équipe dont il dispose n’a pas le niveau technique pour atteindre le podium de la Ligue 1 ; et il n’est pas si simple de transformer le jeu d’une équipe, en témoigne la ressemblance du PSG de Laurent Blanc et d’Unaï Emery au quart de la saison.

L’ancien entraîneur de Séville n’a pu apprécier la prestation offerte par son équipe : pas de mouvement, peu d’inspirations et pas de tête cadrée d’Edinson Cavani pour sauver le match. Si le comportement des joueurs remplacés veut dire quelque chose, alors les faciès d’Angel Di Maria et Marco Verratti au moment de leur sortie, avant le dernier quart d’heure, dénotent un malaise au sein de l’effectif parisien, encore à la recherche d’un match abouti cette saison.

Rolando de retour, le brassard pour Gomis

L’avant-match avait pourtant fait naître une certaine excitation : dans les tribunes, le nouveau propriétaire américain de l’OM Franck McCourt découvrait le stade rival et un tifo « fait main », pour la première fois depuis l’exclusion des ultras du Parc des Princes en 2010, recouvrait la tribune Auteuil. Rudi Garcia, lui, s’asseyait pour la première fois sur le banc marseillais.

Sa première composition laissait augurer d’une attaque-défense : avec cinq défenseurs, dont le Portugais Rolando, banni par son prédécesseur Franck Passi, Rudi Garcia rompait avec son traditionnel 4-3-3 mis en place à Lille puis Rome. En face, Unaï Emery préférait Adrien Rabiot à Blaise Matuidi, sur la lancée du très bon match du jeune milieu de terrain en Ligue des Champions face à Bâle.

Lors des 45 premières minutes, le PSG ressemblait énormément à celui de la saison dernière - dans les mauvais soirs : une circulation de balle aux 30 mètres, peu d’appels et pas de tentative de casser les lignes arrières marseillaises, sinon celles, maladroites, d’Angel Di Maria. Après dix minutes de jeu, le PSG totalisait 82% de possession de balle, mais sa volonté de passer par les côtés d’abord, puis au centre, restait inefficace.

Côté marseillais, Lassana Diarra était l’un des seuls à pouvoir ressortir le ballon proprement, lui à qui Rudi Garcia avait retiré le brassard de capitaine pour le remettre à Bafétimbi Gomis - signe que l’international ne passera sans doute pas la fin de saison à Marseille.

Cavani cherche le pénalty

Après la demie-heure de jeu, Edinson Cavani, qui n’avait touché que deux ballons jusque-là, était trouvé par Angel Di Maria mais sa tête passait au-dessus du but de Pelé. Juste avant la pause, l’Argentin cherchait encore l’Uruguayen dans la surface d’une délicieuse aile de pigeon, mais Cavani tombait au contact de Rolando. Si le Portugais était loin du ballon et semblait gêner l’avant-centre parisien, ce dernier tombait de manière si théâtrale que l’arbitre Clément Turpin ne sifflait pas de pénalty.

« On ne subit que des frappes de loin, signe qu’on est bien organisé », se réjouissait Rudi Garcia sur Canal Plus à la mi-temps, tout en constatant : « Au niveau de l’utilisation du ballon, c’est pas loin d’être le néant. Il va falloir qu’on soit bien meilleur sur le plan technique. »

Ses joueurs parvenaient enfin à toucher le ballon dans la surface de réparation parisienne, sans inquiéter toutefois Alphonse Aréola qui n’aurait aucun arrêt à faire tout au long de la rencontre.

Les Parisiens n’étaient pas plus entreprenants qu’en première période et gâchaient leurs nombreux corners, systématiquement mal joués à deux.

En fin de match, les entrées de Matuidi (pour Verratti) puis Jesé (pour Di Maria) dynamisait le jeu parisien et Yohann Pelé connaissait quelques frayeurs, sur un tir de Maxwell à côté, puis sur un centre en retrait de Matuidi pour Cavani. Bien pressé par Doria, le Parisien manquait le cadre à un mètre du but vide.

Un dernier frisson parcourait le Parc des Princes dans les arrêts de jeu mais le tir de Matuidi, dans la surface, était encore dévié par une jambe marseillaise. Le Parc pouvait siffler et la grosse centaine d’ultras à Auteuil applaudir malgré tout ses joueurs, qui leur rendaient la pareille, les visages fermés.