Réunion de présentation de Microsoft à Shangaï le 21 octobre. | JOHANNES EISELE / AFP

La bulle, quelle bulle ? Vendredi 21 octobre 2016, Microsoft a effacé d’un trait de plume virtuel un affront vieux de seize ans. Son cours de Bourse et sa valorisation boursière ont enregistré un plus haut historique, effaçant le pic de décembre 1999, six mois avant l’éclatement de la bulle Internet. La firme fondée en 1975 par Bill Gates n’a jamais valu autant d’argent qu’aujourd’hui : 465 milliards de dollars, soit moins que Google/Alphabet (554 milliards) ou Apple (627 milliards), mais 100 milliards de plus que Facebook ou Amazon. Microsoft a droit à sa carte de membre du très sélect club des stars du numérique dont les valorisations boursières dépassent largement les 300 milliards de dollars. On parlait hier des GAFA, pour Google-Apple-Facebook-Amazon, il faudra désormais les appeler Gafam.

On peut penser ce que l’on veut du thermomètre de la Bourse, familier des accès de fièvre inexpliqués, il garde sa pertinence sur le temps long pour comparer les fortunes diverses de ses acteurs. A la fin de XXe siècle, les amis de Microsoft s’appelaient IBM, Intel, Hewlett-Packard, Oracle ou Cisco. Eux aussi tutoyaient les étoiles. Aucun d’eux n’a retrouvé le même lustre. Le cours de Bourse d’Oracle a été divisé par trois, celui de Cisco par 2,5 et celui de HP, démantelé en petits morceaux, par plus de six.

Le quadragénaire Microsoft a donc retrouvé ses jambes de vingt ans, mais après treize ans de purgatoire à courir comme un hamster dans sa cage derrière l’événement de ce début de siècle, la fin de l’informatique de papa et l’avènement du numérique, des usages proposés à la multitude via Internet. Tentant de rattraper Google dans les moteurs de recherche ou Apple dans les mobiles. Le rachat de Nokia a été un désastre qui a coûté plus de 9 milliards de dollars à la firme de Seattle.

Transition vers le numérique

Ce n’est qu’en 2013 que l’entreprise a redressé la tête à la faveur d’un changement de patron. Exit le colérique Steve Ballmer, qui n’avait pas trouvé la bonne recette, et arrivée de Satya Nadella, qui a soldé l’aventure du mobile et jeté toutes les forces de l’entreprise dans l’aventure du « cloud computing », autrement dit des infrastructures matérielles et logicielles au cœur des réseaux Internet publics ou privés. Avec un adversaire, Amazon, le leader mondial du secteur.

Comme Apple au seuil des années 2000, Microsoft a ainsi réussi sa transition de l’informatique vers le numérique. Il avait un atout pour cela, sa fortune immense bâtie sur près de vingt ans de quasi-monopole dans le domaine des micro-ordinateurs, qui lui assure encore aujourd’hui près de 17 milliards de dollars de bénéfice chaque année. C’est à cela aussi que peut servir la richesse : à survivre quand les temps changent. Reste à transformer l’essai en retrouvant le chemin du grand public. Ce ne sera assurément pas la partie la plus facile.