Angela Merkel au conseil européen de Bruxelles, le 21 octobre. | JOHN THYS / AFP

A onze mois des élections législatives allemandes, prévues en septembre 2017, Angela Merkel n’a toujours pas dit si elle serait candidate à un quatrième mandat de chancelière. Mais à la lecture du dernier numéro du Spiegel, paru samedi 22 octobre, on voit mal ce qui pourrait encore la faire hésiter. Interrogé par l’hebdomadaire sur les rapports conflictuels que son parti entretient avec celui de la chancelière, l’Union chrétienne démocrate (CDU), Manfred Weber, le vice-président de l’Union chrétienne sociale (CSU), a répondu sans ambiguïté : « Si Angela Merkel veut être candidate à la chancellerie, elle peut compter sur le soutien de la CSU. Angela Merkel est notre candidate. Là-dessus, il ne peut y avoir aucun doute. »

Pour Mme Merkel, une telle clarification est plus que bienvenue. Ces dernières semaines, la CSU, l’alliée de la CDU en Bavière, laissait entendre qu’elle pourrait ne pas soutenir une nouvelle candidature de la chancelière. En cause : sa politique d’accueil des réfugiés, considérée par le parti conservateur bavarois comme la principale cause des défaites de la CDU aux élections régionales organisées, en septembre, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et à Berlin.

Endiguer les flux migratoires

Au lendemain de ces deux scrutins, Mme Merkel a tout fait pour jouer l’apaisement vis-à-vis de la CSU. Certes, elle n’est pas allée jusqu’à faire sienne l’idée, chère au parti bavarois, de limiter à 200 000 le nombre de personnes susceptibles d’obtenir l’asile en Allemagne chaque année. Mais pour le reste, tout ce qu’elle dit depuis un mois sur la question des réfugiés ne pouvait que convenir à la CSU : son choix de ne plus prononcer la formule « Wir schaffen das » (« nous y arriverons »), symbole d’une politique d’accueil très critiquée par l’aile droite de sa majorité ; son insistance sur la nécessité d’expulser les déboutés du droit d’asile ; sa volonté de tout faire pour endiguer les flux migratoires, symbolisée par son déplacement de trois jours en Afrique, du 9 au 11 octobre.

A l’évidence, ces prises de position ont été appréciées par la CSU. Après l’entretien accordé au Spiegel par son vice-président, deux autres poids lourds du parti, Erwin Huber, un de ses anciens présidents, et Gerda Hasselfeldt, présidente du groupe CSU au Bundestag, ont dit à leur tour, lundi, qu’ils souhaitaient que Mme Merkel soit à nouveau candidate en 2017.

Reste à savoir ce que décidera l’actuel numéro un du parti, Horst Seehofer, dont les relations avec Mme Merkel sont exécrables. Interrogé lundi soir sur la chaîne de télévision ZDF, le ministre-président de Bavière a botté en touche. « Je m’en tiens à la ligne que nous nous sommes fixée : d’abord la question du programme, ensuite le choix des personnes », a-t-il expliqué.

Des « mois très durs » entre les deux partis

Mais en précisant, dans la même émission, que lui-même n’entendait pas être candidat à la chancellerie, M. Seehofer a dit l’essentiel : malgré des « mois très durs » entre les deux partis frères, la CSU n’a pas l’intention d’aller jusqu’à la rupture, autrement dit de provoquer une crise analogue à celle de la fin des années 1970, quand le parti bavarois, présidé par Franz-Josef Strauss, était en guerre ouverte avec la CDU d’Helmut Kohl.

Pour Angela Merkel, qui n’a pas encore reçu d’invitation au congrès de la CSU, prévu les 4 et 5 novembre, ces déclarations tombent à point nommé. A un peu plus d’un mois du congrès de son propre parti, du 5 au 7 décembre, ces messages de soutien adressés par l’aile la plus frondeuse de sa majorité pourraient inciter la chancelière à profiter de l’occasion pour annoncer enfin une candidature que plusieurs de ses proches l’incitent à ne pas différer davantage.