Lucas Corvée est l’un des espoirs du badminton français. | SAJJAD HUSSAIN / AFP

« On peut dire qu’on a fait aussi bien que le football français cette année. » Le président de la Fédération française de badminton s’amuse de la comparaison, mais son équipe de France est bel et bien devenue vice-championne d’Europe cet été. En face, pas de Portugal ni d’Eder, mais l’intouchable Danemark, champion sans discontinuer depuis la création de cette « Coupe Davis » du badminton, en 2006.

Un joli saut sur le podium qui devrait en appeler d’autres. Mais pas tout de suite. Au stade Pierre-de-Coubertin, les Français tenteront d’abord de sortir des qualifications des internationaux. « C’est l’objectif : qualifier un maximum de joueurs pour le tableau final », nous confirme le président de la fédération. C’est également l’humble ambition du nouveau champion de France, Lucas Corvée, qui a fait tomber l’octuple tenant du titre et numéro 1 français, Brice Leverdez, en février : « Je sais que je n’ai pas encore assez d’expérience pour prétendre à un gros résultat. Je n’ai pas cette pression-là, donc j’espère juste être dans la meilleure forme possible pour pouvoir jouer à mon meilleur niveau. »

Objectif top 30

Le joueur de 22 ans fait partie des vrais espoirs du badminton français. « On a vu sur les Jeux olympiques que la moyenne d’âge des meilleurs était entre 27 et 30 ans, analyse Richard Remaud. Donc Lucas a de belles années devant lui pour arriver à ce niveau de maturité technique, tactique et évidemment mentale. » Trois dimensions qui forment en grande partie le socle sur lequel s’appuie Peter Gade, directeur de la performance en poste depuis avril 2015. Le Danois, numéro 1 mondial entre 1998 et 2001 déclarait déjà au Monde en octobre 2015 : « Je veux bâtir des structures solides : techniques, tactiques, physiques et mentales. Ces bases sont indispensables pour faire de la France un grand pays du badminton, européen d’abord et ensuite mondial. »

« Je voulais que Peter nous aide à construire une culture du badminton de haut niveau en France, des plus jeunes jusqu’à l’élite, dit Richard Remaud. Le but c’est d’aller donner à tous les entraîneurs de club, les méthodes qui permettront de faire sortir des champions dans une vingtaine d’années. » Lucas Corvée n’a donc pas attendu aussi longtemps. Après une période d’adaptation le joueur d’Issy-les-Moulineaux estime avoir largement progressé aux côtés du quintuple médaillé mondial danois : « J’ai évolué dans tous les domaines, mais je me sens surtout plus stable dans mon jeu et dans ma tête. » Après une première victoire au tournoi de Belgique et un titre de champion de France cette saison, Lucas a l’objectif d’atteindre le top 40 mondial avant les championnats d’Europe en avril 2016, puis le top 30 l’année suivante.

Le « Roland-Garros du badminton »

« Cette année les internationaux de France verront s’affronter 21 des 24 médaillés des Jeux olympiques de Rio » annonce fièrement Richard Remaud pour souligner la qualité du tournoi. Viktor Axelsen est de ceux-là. Dans un sport largement dominé par les pays asiatiques (Malaisie, Chine, Corée du Sud) le Danois de 22 ans est parvenu à décrocher la médaille de bronze à Rio. Une première pour un Européen depuis le sacre de Poul-Erik Hoyer Larsen, un autre Danois, en 1996. « Je me remets à peine des JO, donc je ne suis pas encore au top, mais je ferai de mon mieux », dit le badiste, qui est également devenu champion d’Europe cette année. Il pourrait notamment avoir affaire au Malaisien Chong Wei Lee, numéro 1 mondial.

Viktor Axelsen - King of Badminton in the Future
Durée : 10:30

Richard Remaud insiste pour que les Internationaux aient la même logique que Roland-Garros : « On veut avoir un événement annuel où chaque badiste français a envie de se retrouver au moins une fois dans l’année. » Le président de la Fédération aimerait particulièrement développer les manifestations autour du tournoi, « parce que rester assis entre huit et dix heures dans la salle, c’est long quand même ». Mais sûrement pas assez pour les 18 000 spectateurs attendus cette année au stade Pierre-de-Coubertin.