Jean-Christophe Cambadélis, à Tours le 22 octobre. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCHPOLITICS / POUR LE MONDE

Jean-Christophe Cambadélis a balayé, mercredi 26 octobre, les critiques contre François Hollande, au plus bas dans les sondages. Le premier secrétaire du Parti socialiste a estimé que c’était au président de la République de dire s’il décide ou non de se représenter. « Si c’est un problème d’incarnation, ça se soigne », a assuré M. Cambadélis, invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP. « Ça se soigne en parlant, en dialoguant avec les Français, en leur indiquant le chemin qui a été parcouru et celui qui reste à parcourir », a-t-il complété.

Ses propos étaient une réponse au président de l’Assemblée nationale. La veille, Claude Bartolone, s’était inquiété devant les élus socialistes des dégâts causés par le livre confidence Un président ne devrait pas dire ça… (Stock) sur l’image du président de la République. « Nous avons un vrai problème d’incarnation à la tête de l’Etat », avait-il lancé, en prenant fortement ses distances avec François Hollande.

Un certain nombre de proches du président de la République, Stéphane Le Foll et François Rebsamen notamment, ont aussitôt mené la contre-attaque. En s’appuyant sur la forte décrue du nombre des demandeurs d’emplois au mois de septembre (- 66 300 en catégorie A) ils se sont attachés à valoriser son bilan.

« Le président de la République vit le moment sondagier et médiatique le plus difficile de son quinquennat et il a les résultats les plus probants de son quinquennat… », a renchéri Jean-Christophe Cambadélis en mentionnant également l’évacuation de la « jungle » de Calais et l’offensive contre le groupe Etat islamique à Mossoul, en Irak.

Refusant de dire s’il appelait lui-même à la candidature du chef de l’Etat, le premier secrétaire du PS a ajouté : « si François Hollande décide d’être candidat, il ira aux primaires et les primaires trancheront. » Le matin, sur France inter, Manuel Valls avait eu la même position : « C’est sa décision, une décision intime qui doit tenir compte de la situation », avait déclaré le premier ministre.

Dans la situation actuelle, ce qui inquiète le plus les responsables socialistes, c’est l’incapacité de la gauche à s’unir malgré les appels au rassemblement. A court de persuasion, Jean-Christophe Cambadélis en a appelé à l’Histoire. « Les historiens seront extrêmement sévères par rapport à tous les dirigeants de gauche qui, aujourd’hui, ne voient pas le danger qui s’ouvre dans la décennie à venir », a-t-il accusé. « On ne veut pas voir ce qui vient, on fait comme si le national-populisme n’existait pas (…) On fait comme si le Front national n’était pas en train de progresser. »

« Juppé est totalement friable »

Par sa « radicalisation », la droite a, selon lui, « ouvert un champ politique comme jamais » à l’extrême droite. Si bien que « tout est possible en 2017 : une Assemblée nationale où le Front national aurait un groupe supérieur à celui des socialistes et où il n’y aurait ni communiste, ni écologiste ».

Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Nicolas Sarkozy a joué un rôle très néfaste en durcissant son discours. « Il a perdu sa présidentialité en faisant le jeu de l’extrême droite », hors de « l’héritage gaulliste », a-t-il accusé. Quant à Alain Juppé, le favori de la primaire, il le juge « centriste par rapport à une droite identitaire, et libéral par rapport à une gauche sociale. Donc dans l’incapacité de rassembler le pays ». « Juppé est totalement friable », a-t-il asséné.