Une bannière de soutien à Rémi Fraisse à Toulouse, le 26 octobre 2016. | ERIC CABANIS / AFP

Quelques centaines de personnes ont rendu hommage mercredi à Paris, Toulouse et Nantes à l’écologiste Rémi Fraisse, tué il y a deux ans par une grenade des gendarmes lors d’affrontements sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn).

Environ 300 sympathisants et des anciens occupants de la « Zone à défendre » (zad) installée à Sivens, se sont réunis devant le Monument aux morts de Toulouse, choix symbolique, avant une marche sur un boulevard longeant le centre-ville.

« Mourir pour des idées n’est pas stupide », a déclaré un militant, prenant la parole parmi d’autres. « La justice a reconnu que tu es mort pour un projet inutile et illégal », a-t-il ajouté en référence à l’annulation, le 1er juillet 2016 par le tribunal administratif de Toulouse, de la déclaration d’utilité publique du projet de retenue d’eau, une victoire a posteriori pour les opposants.

Manifestation dans le calme

« Zad partout », a entonné la petite foule avant de défiler derrière une banderole intitulée « Rémi enfant de la Terre. N’oublions jamais ».

La manifestation, encadrée d’un important dispositif policier, s’est déroulée dans le calme.

Dimanche, des empoignades ont eu lieu à Sivens entre des opposants et des partisans du projet, lesquels voulaient empêcher un hommage de 75 personnes à l’endroit où Rémi Fraisse est mort. Trois jeunes opposantes ont porté plainte. Elles affirment avoir été blessées à coups de couteau par un militant pro-barrage.

A Nantes, environ 160 personnes, selon la police, ont défilé derrière une banderole proclamant « Pas de justice, pas de paix. Liberté ». Rassemblées devant la préfecture, elles ont déposé un tableau représentant Rémi Fraisse. Et scandé: « On n’oublie pas, on ne pardonne pas ».

A Paris, plus de 200 personnes se sont rassemblés dans le quartier populaire de Ménilmontant. Des drapeaux anarchistes ou du NPA ainsi que des banderoles ont été brandis. On pouvait y lire « pour Rémi nous défendrons la ZAD » ou « payé pour tué » à propos des CRS.

Vers un non-lieu ?

« Il faut arrêter ces violences, mais on n’a pas confiance en ceux qui mènent les enquêtes », a plaidé Jean, un manifestant de 65 ans. « La présomption de légitime défense que réclament les flics, ça me fait gerber », a affirmé Gabriel, 25 ans.

Une grande partie des manifestants, dont certains le visage masqué, est ensuite partie en cortège sauvage dans les rues. Ils ont été rapidement dispersés par les CRS.

Rémi Fraisse, botaniste de 21 ans, décrit comme un pacifiste est mort lors de violents affrontements le 26 octobre 2014 sur le site du chantier de Sivens.

Ce décès, conséquence de l’explosion d’une grenade offensive tirée par un gendarme, avait suscité une vive émotion en France et provoqué la suspension du projet.

Deux ans plus tard, l’enquête judiciaire est toujours en cours. Plusieurs gendarmes, dont des responsables, ont été entendus, selon des sources proches du dossier.

La défense de la famille de Rémi Fraisse n’a eu de cesse d’exiger que la hiérarchie soit auditionnée.

Gendarme blanchi

Le 18 mars 2016, le gendarme qui a tiré la grenade offensive présumée responsable de la mort de Rémi Fraisse a été placé sous le statut de témoin assisté, ce qui écarte en l’état son renvoi devant un tribunal. « La suite logique est qu’il bénéficie d’un non-lieu », avait commenté son avocat, Jean Tamalet.

Un rapport de l’Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) a blanchi le gendarme en décembre 2014. Il estime que les avertissements nécessaires ont été effectués avant le lancer de la grenade.

Les forces de l’ordre se trouvaient alors face à « cinq opposants agressifs qui (jetaient) constamment toutes sortes de projectiles », selon le compte-rendu de la gendarmerie. Quant au projet de barrage, il a été abandonné. Une autre version, réduite de moitié, est à l’étude.