Michel Combes, le ­directeur général d’Altice, lors d’une conférence de presse, le 5 septembre. | ERIC PIERMONT / AFP

C’est une forme de baroud d’honneur. Selon nos informations, Altice a mis sa menace à exécution et a déposé un recours devant la cour d’appel de Paris contre l’Autorité des marchés financiers (AMF). Le gendarme de la Bourse avait en effet mis un veto à l’opération publique d’échange (OPE) lancée par Altice sur SFR. Le groupe de Patrick Drahi souhaitait racheter les 22,5 % du capital de l’opérateur de télécommunications français qu’il ne possédait pas encore, par le biais d’un échange de titres. Montant de l’opération : 2,4 milliards d’euros.

Parmi les griefs, l’AMF pointait un manque d’informations sur l’une des modalités de l’opération. L’OPE prévoyait d’instaurer « une rémunération du modèle Altice auprès de SFR Group et des principales filiales opérationnelles ». Ce système aurait permis à Altice de facturer des services à SFR et de faire remonter du « cash » dans la maison mère.

Ce défaut d’informations était de nature à affecter les actionnaires minoritaires de SFR, qui devaient échanger des titres contre des actions Altice. Un problème d’autant plus grave que l’AMF laissait également entendre que les conditions de l’OPE favorisaient plutôt les actionnaires d’Altice, le groupe de M. Drahi.

Altice considère l’OPE comme une affaire ancienne

Le patron de l’opérateur, Michel Combes, s’était insurgé contre la décision de l’Autorité : « L’AMF a opéré un changement de jurisprudence en portant un avis sur la parité, alors qu’elle doit s’en tenir à la conformité de l’offre », avait-il dit.

Cette action en justice, qui prendra au moins cinq mois, ne signifie pas que le groupe espère revenir en arrière. Altice considère l’OPE comme une affaire ancienne. Entre-temps, Altice a opéré un échange de titres avec les minoritaires de SFR qui le désiraient, faisant passer sa participation de 77,5 % à 83 % du capital environ.

L’OPE devait permettre à Altice d’utiliser plus facilement la trésorerie de SFR et d’éviter de partager les dividendes exceptionnels. En 2015, SFR avait dû reverser 500 millions des 2,5 milliards d’euros aux minoritaires.