Le premier ministre du Groenland, Kim Kielsen, lors de la signature d’une déclaration conjointe UE-Groenland-Danemark, le 19 mars 2015 à Bruxelles. | EMMANUEL DUNAND / AFP

La province du Groenland s’éloigne un peu plus de la Couronne danoise. A l’occasion de la présentation d’un nouveau gouvernement de coalition, jeudi 27 octobre, par Kim Kielsen, premier ministre depuis 2014, l’annonce de la création d’un ministère chargé de l’indépendance a créé la surprise.

Après le oui au référendum du 25 novembre 2008, qui avait notamment conduit à l’instauration d’un gouvernement spécifique à la province et qui lui avait accordé l’autonomie totale – à l’exception des domaines de la sécurité, de la défense et de la monnaie –, la nomination de Suka Frederiksen à la tête du nouveau portefeuille – associé à celui de l’environnement – constitue un signal fort à destination du Danemark.

Dans la grande tradition des gouvernements de consensus des pays nordiques, trois partis forment la nouvelle coalition à la tête du territoire groenlandais : le parti de M. Kielsen, Siumut (« En avant », social-démocrate rural), Inuit Ataqatigiit (« Communauté inuite », socialiste-écologiste urbain) et Parti Naleraq (centriste nationaliste).

Trois sujets de désaccord

Les Démocrates et Atassut (« Parti solidaire », libéral), qui faisaient partie de la coalition gouvernementale dissoute jeudi, ont invoqué des tensions au sein de Siumut pour justifier leur départ, selon la télévision locale KNR. Lors d’un entretien avec l’hebdomadaire Sermitsiaq, la chef des Démocrates, Randi Vestergaard, a mentionné trois sujets de désaccord : la politique de pêche, le projet de construction dans la ville de Nuuk du nouveau Parlement à 300 millions de couronnes danoises (40 millions d’euros) ainsi que le refus de Siumut de valider la proposition de tests pour détecter la consommation de cannabis dans l’enseignement secondaire.

La précédente coalition affichait une unanimité sur un dossier crucial pour le territoire, celui de l’uranium. L’exploitation de la ressource stratégique, interdite depuis 1988 par une loi danoise, constituerait une manne financière plus qu’importante (le Groenland abriterait les troisièmes plus importantes réserves mondiales) qui faciliterait une indépendance budgétaire. La nomination au ministère des ressources minières de Mute Egede, connu pour son opposition à l’exploitation, indique clairement que la question de l’uranium est reportée aux prochaines élections législatives de 2018.

« Ce qu’il faudra également surveiller, c’est à quel point le ministre de l’économie et la ministre de l’indépendance et de l’environnement se marcheront sur les pieds en matière de politique étrangère et comment ils se coordonneront pour continuer à attirer les investisseurs étrangers nécessaires pour financer l’indépendance », note Mikaa Mered, maître de conférences associé à l’université de sciences appliquées de Laponie, spécialiste des questions arctiques, et en particulier du Groenland.

Le Groenland avait été le premier territoire à sortir de l’Union européenne. En 1985, le territoire avait voté par référendum une scission d’avec la Communauté économique européenne, alors que le Danemark l’avait rejointe en 1973.

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