Lors d’un déplacement officiel au Nigeria en juillet, Gianni Infantino avait évoqué une Coupe du monde à 40 équipes, avec deux places de plus pour l’Afrique en phase finale, elle qui en compte cinq actuellement.

A la mi-octobre en Colombie, le président de la FIFA est allé plus loin : il souhaite que la Coupe du monde 2026 se joue à 48, et si possible dans plusieurs pays, puisque les candidatures conjointes sont autorisées. Cela laisserait à l’Afrique une possibilité d’être candidate. Sa vision de ce format est simple : les seize nations directement qualifiées pour la phase de groupe seraient rejointes par seize autres équipes issues d’un tour préliminaire organisé dans le pays hôte. Et dans cette formule, l’Afrique verrait son contingent augmenter de manière substantielle, puisqu’il pourrait doubler.

« Le niveau ne cesse de s’améliorer »

Cette nouvelle idée du patron du football mondial n’a pourtant pas provoqué l’enthousiasme des personnalités du football africain. Constant Omari, président de la fédération congolaise (RDC) et ancien membre de la commission des réformes de la FIFA, est le moins réservé : « Dans le rapport que nous avions remis, nous préconisions une Coupe du monde à 40 équipes en 2026, avec deux équipes africaines supplémentaires. Mais si les conditions organisationnelles sont réunies, pourquoi ne pas aller jusqu’à 48, avec des places en plus pour les Africains ? Le football a changé, le niveau ne cesse de s’améliorer, notamment en Afrique, et il faut en tenir compte. »

Ce n’est pas tout à fait l’avis de l’ancien sélectionneur algérien Rabah Saadane, qui a participé à trois phases finales sur le banc de touche des Fennecs (1982, 1986 et 2010). « Autant j’estime qu’actuellement l’Afrique est sous-représentée et qu’elle mériterait d’avoir une équipe en plus, autant je pense que jouer à 48 n’est pas une bonne idée. Cela va alourdir le calendrier et abaisser le niveau d’ensemble, analyse t-il. Et comment convaincre des supporters des équipes concernées par le tour préliminaire de traverser le monde, au risque de voir leur pays éliminé au bout d’un match ? Quitte à trouver une solution intermédiaire, allons vers une phase finale à 40 équipes avec 7 sélections africaines. »

Quant à Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien de but des Lions indomptables du Cameroun entre 1976 et 1994, une Coupe du monde réunissant quasiment un quart des fédérations affiliées à la FIFA n’est pas souhaitable.

« On n’abaisse pas la hauteur des haies »

« Cela va diminuer le niveau, même si une telle proposition devrait contenter beaucoup d’Africains. Si on passe à 48 en 2026, il faudra ensuite augmenter régulièrement le nombre d’équipes. Or, on n’abaisse pas la hauteur des haies pour permettre à tous de passer, ironise l’ancien portier de Bordeaux et de Marseille, ouvertement favorable à la pérennisation du format actuel. Il faut tenir compte des résultats de l’Afrique. A part le Cameroun [1990], le Sénégal [2002] et le Ghana [2010], aucun pays n’a dépassé les quarts de finale. En 2010, sur six équipes africaines engagées, seuls les Ghanéens ont passé le premier tour. Cinq places actuellement, cela me semble pour l’instant suffisant. Ce n’est pas en augmentant le nombre de participants que le niveau s’améliore… » La FIFA a annoncé qu’elle déterminera le nombre de participants à cette Coupe du monde 2026 en janvier.