Dans une France qui tourne toujours au ralenti, voici enfin un indicateur économique franchement positif. De moins en moins de salariés sont victimes de la faillite de leur entreprise. Le nombre de personnes touchées a chuté de 13 % en un an, et vient de revenir à son niveau d’avant la grande crise de 2008-2009. C’est ce que montrent les dernières statistiques de l’Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS).

Cet organisme, créé en 1974, permet au personnel des sociétés placées en sau­vegarde, en redressement judiciaire ou en liquidation de toucher malgré tout salaires, préavis et autres indemnités de rupture. L’argent provient de cotisations patronales.

Lorsque l’ouragan provoqué par la faillite de la banque Lehman Brothers a fait plonger l’activité en France, les compteurs de l’AGS se sont affolés. Avec la multiplication des dépôts de bilan spectaculaires, d’Ascométal à FagorBrandt en passant par Mory Ducros, le nombre de salariés concernés a ainsi explosé. Après avoir atteint 290 000 en 2009, il a connu un second pic, à peine moins élevé en 2013, avec 286 000 bénéficiaires.

La décrue s’amplifie

La décrue s’est amorcée fin 2014. Depuis, elle s’amplifie. Le nombre de bénéficiaires de l’AGS est retombé à 225 980 au cours des douze mois achevés fin septembre, selon le dernier bulletin de l’organisme. Il s’agit de l’effectif le plus faible enregistré depuis 2007.

Les impayés de salaires pris en charge par l’AGS ont reculé de façon encore plus marquée. Du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016, l’organisme n’a avancé que 1,8 milliard d’euros, soit 15 % de moins qu’un an auparavant. Le montant en cause est ainsi redescendu, lui aussi, à un niveau jamais vu « depuis la crise de 2009 », dit Thierry Méteyé, le directeur de l’AGS. « Et la tendance se confirme sur octobre », ajoute-t-on au siège de l’AGS.

Les marges se sont redressées

Ces chiffres ne signifient pas que les entreprises françaises sont portées par une conjoncture très favorable ni qu’elles engrangent toutes des profits plantureux. « La conjoncture se caractérise par une dynamique réduite et un manque d’impulsion marqué », constate, au contraire, sur son blog l’économiste Philippe Waechter, de la banque Natixis.

Mais, avec le pétrole peu cher, et le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, les marges se sont redressées. Les sociétés sur la corde raide deviennent donc plus rares, comme le montre la baisse de 8 %, en un an, des dépôts de bilan et des sauvegardes dans lesquels l’AGS est appelée à la rescousse. Surtout, le temps des faillites retentissantes s’éloigne. En un an, le nombre de sociétés de 20 salariés et plus ayant frappé à la porte de l’AGS a chuté de 19 %. A défaut de vraie croissance, les entreprises font le dos rond. Et les plus fragiles ont déjà été balayées par les années de tempête.