Le premier ministre australien Malcolm Turnbull. | Markus Schreiber / AP

« Un message absolu, inflexible et sans équivoque » : c’est ainsi que Malcolm Turnbull, le premier ministre australien, a présenté dimanche 20 octobre un nouveau projet de loi durcissant encore davantage la politique d’immigration de son pays – l’une des plus sévères au monde. Le gouvernement australien compte en effet interdire de séjour à vie les réfugiés qui tentent de débarquer clandestinement sur ses côtes.

Malcolm Turnbull a expliqué qu’il comptait soumettre au plus vite au Parlement ce projet de loi, qui aurait un effet rétroactif, et s’appliquerait ainsi aux centaines de migrants relégués depuis des années par l’Australie dans des camps de détention offshore. Selon ce texte, les personnes ayant tenté illégalement d’entrer en Australie ne pourront jamais prétendre à un visa, qu’il soit de tourisme ou d’affaires.

« C’est un combat entre les Australiens, représentés par son gouvernement, et les gangs criminels de trafiquants humains », a affirmé le premier ministre lors d’une conférence de presse avec son ministre de l’immigration Peter Dutton. « Personne ne doit sous-estimer l’ampleur de la menace de ces trafiquants qui sont les pires criminels que l’on puisse imaginer et qui gèrent un business de plusieurs milliards de dollars. »

« Désespoir absolu »

Au nom de la lutte contre les gangs de passeurs et de la nécessité de dissuader les migrants tentant la périlleuse traversée vers l’Australie, Canberra mène depuis des années une politique très dure vis-à-vis des migrants et repousse systématiquement les bateaux tentant de gagner illégalement ses côtes.

Les migrants qui y parviennent sont relégués pour des durées indéterminées dans des camps de rétention sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur la minuscule île du Pacifique de Nauru, ou sur l’île Christmas, dans l’océan Indien, le temps que leur demande d’asile soit instruite. Même si leur requête est jugée fondée, ils ne sont pas autorisés à s’installer sur le sol australien. Ils ont le choix entre les îles, un pays tiers ou rentrer dans leur pays.

Les organisations de défense des droits de l’Homme ont multiplié les rapports pour dénoncer les conditions de détention dans ces camps, et le « désespoir absolu » de ses occupants, selon Amnesty International.