Et si les primaires ou l'élection présidentielle étaient piratées ?
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Dans la lutte contre le terrorisme sur Internet, « je ne pense pas qu’il soit question d’une nouvelle loi […] plus qu’une question législative, c’est une question de moyens technologiques et de moyens humains : il faut recruter des spécialistes, des ingénieurs, des analystes », a estimé Eric Ciotti, invité de l’émission « Questions politiques », sur France Inter, en partenariat avec Le Monde.

« On a mis en place, en 2012 je crois [en 2014, ndlr], le blocage des sites, mais très peu sont bloqués. Au Home Office en Grande-Bretagne, il y a un dispositif très important avec beaucoup de policiers mobilisés », a-t-il expliqué. Le porte-parole du candidat à la primaire de la droite et du centre Nicolas Sarkozy s’est donc démarqué de la perspective d’une nouvelle loi accroissant les pouvoirs de surveillance d’Internet pour lutter contre le djihadisme. Il s’est félicité de l’adoption, en 2015, de la loi sur le renseignement ou de la pénalisation, effective depuis 2016, de la consultation habituelle de sites terroristes.

Chiffrement : une collaboration « plus forte »

M. Ciotti a cependant estimé que « les services [étaient] souvent en retard d’une technologie : on le voit sur la question du cryptage et du terrorisme, avec les messageries comme Telegram ou WhatsApp ». Il est fréquemment reproché à ces applications, qui assurent la confidentialité des échanges de leurs utilisateurs, de faciliter les communications des djihadistes, de compliquer le travail des enquêteurs et de ne pas collaborer suffisamment dans les enquêtes.

« Personne ne peut être à l’abri des lois, [or] les géants d’Internet considèrent que leurs lois sont supérieures à celles des États » a-t-il accusé :

« On ne peut pas rester aveugle face au terrorisme, c’est une nécessité de dire à ces opérateurs : attention, on peut vous sanctionner là où ça fait mal, [sur le plan] financier. »

Eric Ciotti a aussi appelé à « une collaboration […] plus forte » des géants du numérique « avec les autorités judiciaires ». C’était, déjà, le sens de l’initiative franco-allemande annoncée en août par la place Beauvau, visant à considérer les fournisseurs de messageries comme des opérateurs de téléphonie au sens du droit européen, ce qui permettrait aux autorités de davantage les contraindre à collaborer à leurs enquêtes.

Interrogé sur les accusations formulées par les autorités américaines à l’encontre de la Russie, soupçonnée d’influencer l’élection présidentielle par le biais du piratage du parti démocrate, M. Ciotti a dit « ne pas craindre particulièrement » les ingérences d’un Etat étranger dans la primaire de la droite et du centre ou la présidentielle. « Il faut de la vigilance sur cette question de la sécurité », a-t-il cependant expliqué :

« Ma commission d’enquête a eu l’occasion d’auditionner plusieurs responsables de sécurité informatique : même si c’est couvert par le secret des auditions, il y a eu des attaques cyberterroristes après [les attentats de janvier 2015]. Il y en a eu plusieurs dizaines assez importantes, dont certaines ont été déjouées. Il faut une grande vigilance et une plus grande protection. »