Le candidat évangélique à la marie de Rio de Janeiro Marcelo Crivella le 30 octobre. | YASUYOSHI CHIBA / AFP

Le second tour des élections municipales brésiliennes a commencé dimanche 30 octobre, tous les regards étant tournés vers Rio de Janeiro où le grand favori est un candidat évangélique controversé, le sénateur Marcelo Crivella.

Près de 33 millions d’électeurs doivent départager des candidats en ballottage, notamment dans 18 des 26 capitales des Etats de ce pays-continent de 206 millions d’habitants. Les résultats seront connus en fin de soirée grâce aux urnes électroniques.

Au niveau national, les principales leçons ont été tirées dès le premier tour du 2 octobre, avec la débâcle historique du Parti des travailleurs (PT, gauche) de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et de sa protégée Dilma Rousseff, destituée fin août par le Sénat pour maquillage de comptes publics. Empêtré dans le scandale de corruption Petrobras, le parti de gauche qui gouvernait le Brésil depuis 2003 a déjà perdu près des deux tiers des mairies gagnées en 2012.

Le parti de Michel Temer sorti renforcé du premier tour

Pour la première fois depuis l’établissement en 1992 d’un scrutin municipal à deux tours, la mairie de Sao Paulo, ville la plus peuplée et poumon économique du Brésil, n’est pas concernée par un nouveau vote. Joao Doria du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre gauche) l’a emporté avec 53,3 % des voix, contre 16,7 % au maire sortant du PT, Fernando Haddad, qui avait été élu en 2012 avec le soutien de Lula.

Dimanche, le PT n’est en lice que dans une capitale, Recife, dans le Pernambouc, Etat natal de Lula. Mais son candidat accuse un net retard face à son adversaire.

Malgré un taux de popularité au plus bas (14 % selon les derniers sondages), le président Michel Temer est sorti renforcé de son premier test électoral depuis qu’il a remplacé Dilma Rousseff. Son parti, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), est la formation ayant remporté le plus de mairies au premier tour.

Lutte de pouvoir à Rio

Le second tour ne présente pas de gros enjeux au niveau national, à part Rio. La destinée post-olympique de la « Ville Merveilleuse » est l’objet d’une lutte de pouvoir entre deux candidats diamétralement opposés.

D’un côté on trouve Marcello Crivella, 59 ans, évêque de l’Eglise universelle du royaume de Dieu (EURD, néo-pentecôtiste). Grand favori des sondages, ce personnage polémique et conservateur promet la tolérance zéro contre la délinquance.

De l’autre, Marcelo Freixo, 49 ans, du Parti socialisme et liberté (PSOL), formé par des dissidents du PT, qui s’est illustré en tant que député local dans la lutte contre les milices armées.

Selon les sondages, le candidat évangélique pourrait l’emporter avec 15 à 20 points d’avance, en dépit de révélations chocs de la presse brésilienne qui a notamment exhumé les extraits d’un livre oublié de M. Crivella. Dans cet ouvrage de 2002, il évoque son expérience de missionnaire en Afrique et accuse l’Église catholique de « prêcher des doctrines démoniaques », qualifiant aussi l’homosexualité de « mal terrible ».

Le succès du candidat conservateur symbolise l’expansion du culte évangélique dans le pays comptant le plus de catholiques au monde. Malgré un vote obligatoire, l’abstention, à 17,5 % au premier tour, s’annonce une nouvelle fois élevée.