Le commissaire européen Günther Oettinger, en 2014. | Geert Vanden Wijngaert / AP

La diffusion d’un discours du commissaire européen Günther Oettinger, dans lequel il qualifie notamment les Asiatiques de « bridés » et évoque le mariage homosexuel « imposé », a suscité un tollé samedi 29 octobre en Allemagne, son pays d’origine.

Invité par une fédération de chefs d’entreprises à Hambourg mercredi soir, M. Oettinger a tenu un discours enregistré par un participant, vidéo reprise samedi par le site de l’hebdomadaire Der Spiegel.

Le commissaire européen à l’économie numérique, qui doit prendre prochainement du galon en accédant au portefeuille du budget au sein de l’exécutif européen, y égratigne les Chinois, les femmes, le mariage homosexuel ou encore l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.

« Peignés avec du cirage noir »

Il raconte ainsi avoir reçu des ministres chinois, tous « peignés de gauche à droite avec du cirage noir ». L’auteur de l’enregistrement affirme avoir commencé à filmer après que M. Oettinger eut prévenu du risque de voir les « escrocs » et les « bridés » profiter de l’incapacité de l’Europe à conclure des accords de libre-échange.

Interrogé par le journal Die Welt, Günther Oettinger s’est défendu. « Il s’agissait d’une expression familière qui ne se voulait en aucun cas un manque de respect vis-à-vis de la Chine », a-t-il affirmé.

Dans le même discours, il décrit Horst Seehofer, président du parti conservateur bavarois CSU, parti allié aux chrétiens-démocrates de la CDU de la chancelière Angela Merkel et dont M. Oettinger est membre, comme un « populiste light ».

« Vision du monde »

Connu pour son franc parler, M. Oettinger évoque aussi « le mariage homosexuel imposé » en évoquant un ensemble de sujets en discussion en Allemagne, où le mariage homosexuel n’existe pas encore.

M. Oettinger « devrait d’urgence repenser sa vision du monde », a estimé la secrétaire générale du Parti social-démocrate (SPD), Katarina Barley, interrogée par Der Spiegel. « Quelqu’un qui répand ouvertement les opinions racistes et homophobes se disqualifie pour les plus hautes fonctions politiques », a-t-elle ajouté.

L’association française SOS-Racisme a appelé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et la chancelière allemande Angela Merkel à « prendre les sanctions adéquates face à ce comportement indigne d’un membre de la Commission ».

« Un commissaire européen doit pouvoir défendre avec crédibilité les valeurs européennes de non discrimination au lieu de répandre des préjugés racistes et homophobes », a réagi dans un communiqué Stefanie Schmidt, porte-parole de la Fédération des gays et lesbiennes d’Allemagne (LSVD), en exigeant des excuses.