Les comtés de Miami-Dade, de Collier et Pinellas, ainsi que les villes de Fort Lauderdale, Miami et Jacksonville sont autant d’étapes du marathon entrepris par Hillary Clinton et ses représentants de poids (Bill Clinton ou Barack Obama) pour conserver dans le giron démocrate la Floride et ses 29 grands électeurs. Donald Trump mesure lui aussi la valeur de cet Etat dans la course aux 270 grands électeurs permettant d’entrer à la Maison Blanche, puisqu’il sera mercredi 2 novembre à Miami, Orlando et Pensacola, et jeudi à Jacksonville.

Pour Donald Trump, une victoire en Floride est d’ailleurs impérative s’il veut espérer être élu, alors que sa concurrente démocrate peut remporter l’élection en s’imposant en Caroline du Nord (15 grands électeurs) et en Pennsylvanie (20 grands électeurs), Etats dans lesquels elle disposait, au 1er novembre, d’une avance réelle.

Malgré tout, il y a urgence pour l’ancienne première dame, si elle veut asseoir sa victoire en Floride. Au cours du mois d’octobre, elle avait réussi à creuser l’écart avec Donald Trump, comme l’atteste la courbe du site d’information politique Realclearpolitics. Mais une nouvelle enquête d’opinion (New York Times Upshot/Siena College, menée auprès de 815 électeurs du 25 au 27 octobre) donnait dimanche Donald Trump à 46 % des intentions de vote contre 42 % pour Hillary Clinton.

Tampa, ville-clé de la bataille électorale américaine

Le New York Times indique que ce sondage est celui qui donne le meilleur résultat pour Donald Trump dans cet Etat depuis longtemps. Comme celui publié par Bloomberg le 26 octobre (mené du 21 au 24 octobre auprès de 805 électeurs), il indique un report des électeurs indépendants vers le candidat républicain. En 2012, Barack Obama avait remporté leurs suffrages de 3 %, et c’est eux qui avaient fait basculer d’un cheveu l’Etat dans le camp démocrate. Quatre ans plus tôt, en 2008, M. Obama avait déjà remporté cet Etat, avec 50,9 % des voix.

Le candidat du GOP profite du désintérêt pour le candidat libertarien, Gary Johnson. | MARK WALLHEISER / AFP

Unité des électeurs républicains

L’unité des républicains autour de leur candidat et le manque d’enthousiasme des électeurs démocrates pour Hillary Clinton expliquent ce rebond de Donald Trump dans les sondages. Le candidat du Grand Old Party (GOP) réussit à rassembler les électeurs qui s’identifient aux républicains : 86 % d’entre eux se disent prêts à voter pour lui. Trump profite ainsi du désintérêt pour le candidat libertarien, Gary Johnson (4 % dans les intentions de vote).

Ce sondage montre que les électeurs blancs diplômés lui accordent un soutien supérieur en Floride (51 %) qu’au niveau national (35 %). Chez les blancs non diplômés, le candidat républicain reçoit un soutien massif (63 % contre 24 % pour Hillary Clinton).

Il se permet même de mordre sur l’électorat de Hillary Clinton qui ne recueille que 55 % des intentions de vote auprès des blancs sans diplôme enregistrés comme électeurs démocrates (32 % iraient à Trump).

Retournement de l’électorat d’origine cubaine

L’une des surprises de ce sondage est l’écho trouvé par le candidat républicain auprès des électeurs afro-américains (11 % le soutiennent, contre 81 % pour Hillary Clinton). Le sondage
New York Times Upshot/Siena College indique aussi que l’électorat afro-américain est moins mobilisé qu’il y a quatre ans.

Leslie Wimes, la présidente du Caucus noir des femmes démocrates a expliqué à Politico : « La campagne d’Hillary Clinton est en panique. Ils ont pensé qu’envoyer le président et Michelle Obama pour dire “allez voter pour Hillary”, suffirait. » Ainsi, le vote noir en Floride n’est pas tant un vote d’adhésion à Hillary Clinton qu’un rejet de Trump. « Mais au final, on ne vote pas contre quelqu’un, on vote pour quelqu’un. » Sur MSNBC, elle a poursuivi son raisonnement : « Nous ne sommes pas aussi enthousiastes à l’idée d’élire la première femme présidente que d’élire le premier président afro-américain. »

De même, le soutien des électeurs d’origine hispanique pour la candidate fléchit : il n’est plus que de 59 % (30 % pour le candidat républicain), contre 61 % en septembre (21 % pour Trump). Ce fléchissement s’explique par un retournement au sein de l’électorat d’origine cubaine. En septembre, 41 % soutenaient Hillary Clinton (33 % pour Trump), en octobre, la proportion s’inverse : 42 % soutiennent la candidate (52 % soutiennent Trump).

Pour autant, le soutien dont bénéficie la candidate au sein de l’électorat hispanique ne se limite pas aux électeurs d’origine cubaine. L’électorat hispanique représente 15,6 % des 12,7 millions d’électeurs enregistrés en Floride. Ce groupe d’électeurs est plus concerné en 2016 qu’en 2012 : sa mobilisation se perçoit dans le vote par correspondance (12,9 % en 2016 contre 9,5 % en 2012) ou le vote anticipé en personne (14,2 % en 2016 contre 9,9 % en 2012), note Daniel A. Smith, professeur de sciences politiques à l’université de Floride sur son blog.

Equipes démocrates présentes sur le terrain

Le Washington Post rapporte que les équipes de Mme Clinton sont plus présentes sur le terrain que celles de Donald Trump et poussent les électeurs hispaniques, généralement peu concernés ou informés sur les élections, à voter.

Ces efforts commencent à payer : seuls 45 % des 490 000 électeurs qui se sont inscrits sur les listes électorales depuis le mois d’août sont « blancs », relève encore le Washington Post qui constate que les démocrates ont enregistré 70 000 électeurs de plus que les républicains.

Un sondage Survey USA mené entre le 20 et le 24 octobre auprès de 1 251 électeurs place Hillary Clinton à 48 % (Trump à 45 %), avec une marge d’erreur de 2,8 %, et 6 % des électeurs étant prêts à voter pour un autre candidat.

A une semaine de l’élection, le site Fivethirtyeight.com de Nate Silver, qui fait office de baromètre de l’élection, s’affole et change de tendance plusieurs fois par jour, au gré des sondages et de l’actualisation du site.

La Floride, « swing state » très convoité. | Infographie "Le Monde"