Bâtiment de la Réserve fédérale, à Washington DC. | KAREN BLEIER / AFP

Surtout ne pas ajouter de l’incertitude à une situation passablement compliquée. Sans surprise, la Réserve fédérale (Fed) a laissé ses taux d’intérêt inchangés, mercredi 2 novembre, à l’issue d’une réunion de son comité de politique monétaire (FOMC).

Ce statut quo intervient à six jours de l’élection présidentielle américaine, dont l’issue n’a jamais été aussi incertaine. La remontée de Donald Trump dans les sondages face à Hillary Clinton entretient une certaine nervosité des marchés financiers que la Banque centrale américaine s’est abstenue de nourrir, en maintenant le loyer de l’argent dans une fourchette de 0,25 % à 0,50 %.

Mais au-delà de ce contexte électoral particulier, tout semble se mettre en place pour un resserrement monétaire lors de la prochaine réunion du FOMC. Même si le communiqué publié par la Fed mercredi ne dit pas explicitement qu’elle pourrait relever ses taux dans un peu plus d’un mois, il donne un certain nombre d’indices allant dans ce sens.

« Les arguments en faveur d’une augmentation des taux des fonds fédéraux ont continué de se renforcer », indique la Banque centrale, tout en soulignant vouloir « attendre des preuves supplémentaires de la poursuite des progrès vers la réalisation des objectifs » qu’elle s’est fixés, à savoir favoriser le plein-emploi et assurer la stabilité des prix autour d’une inflation de 2 %.

« L’inflation devrait monter à 2 % à moyen terme »

Alors que le premier est quasiment acquis avec un taux de chômage de 5 %, la Fed se montre désormais optimiste sur le second. « L’inflation devrait monter à 2 % à moyen terme », indique le communiqué, tablant sur le fait que les effets de la chute des prix du pétrole et des importations vont se dissiper peu à peu.

De fait, l’inflation sur un an s’établit désormais à 1,2 % contre 0,8 % en juillet. La confiance de la Banque centrale dans la poursuite de ce mouvement constitue un signe clair de l’imminence d’un resserrement monétaire.

Sur les huit membres votants du FOMC, deux étaient en faveur d’une hausse des taux immédiate : Esther George, la présidente de la Fed de Kansas City, et Loretta Mester, son homologue de Cleveland. Le troisième « dissident » qui s’était prononcé dans le même sens lors de la réunion de septembre, Eric Rosengren de la Fed de Boston, a choisi de rentrer dans le rang, estimant sans doute que le relèvement du loyer de l’argent n’était désormais plus qu’une question de semaines.

Les marchés en sont assez largement persuadés. La probabilité d’une hausse des taux en décembre est évaluée à 74 %, selon les anticipations compilées par le cabinet CME Group.

Des créations d’emploi « solides »

En tout cas, le contexte économique plaide pour. La première estimation du produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre, publiée le 28 octobre, indique qu’après un premier semestre décevant (+ 1,4 %) la croissance a sensiblement accéléré avec une hausse de 2,9 %. Même si la Fed constate que les dépenses des ménages augmentent « modérément » et que l’investissement des entreprises reste « faible », en revanche, les créations d’emploi sont « solides ».

La publication des chiffres de l’emploi pour le mois d’octobre, vendredi 4 novembre, pourrait conforter la Fed dans son constat et ouvrir encore un peu plus la voie vers une hausse des taux.

Après les turbulences sur les marchés financiers en début d’année, la croissance atone du premier semestre, la volatilité provoquée par le Brexit en juin, la Banque centrale américaine ne semble donc plus avoir aucune excuse pour ne pas agir. Seule l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche et les répercussions qu’elle entraînerait sur les marchés financiers semblent capables de venir bousculer l’ordre des choses.