Sébastien Ogier lors du rallye de Grande-Bretagne, le 30 octobre. | BEN STANSALL / AFP

Volkswagen coupe le moteur et Sébastien Ogier attend les coups de fil : le constructeur allemand a annoncé mercredi qu’il se retirait du championnat du monde des rallyes (WRC) et laisse libres trois pilotes de talent, dont le quadruple champion du monde en titre. « Ne vous inquiétez pas pour moi, nous nous reverrons », a tweeté Ogier peu après l’annonce de ce retrait, qui interviendra après le rallye d’Australie (17-20 novembre), le dernier de la saison.

Volkswagen, Ogier et son copilote Julien Ingrassia viennent de réussir leur quatrième grand chelem consécutif de titres mondiaux (pilote, copilote, constructeur) depuis 2013. Outre le Français, deux autres pilotes vont être au chômage technique, le Finlandais Jari-Matti Latvala et le Norvégien Andreas Mikkelsen.

A une semaine d’intervalle, le constructeur allemand a suivi l’exemple d’une autre marque qui appartient au groupe Volkswagen, Audi. Cette dernière a annoncé le 26 octobre qu’elle se retirait d’une autre discipline du sport automobile, le championnat du monde d’endurance (WEC, dont font partie les légendaires 24 Heures du Mans). Ni Audi ni Volkswagen ne l’ont dit explicitement, mais les observateurs et la presse justifient leur décision de se retirer de l’endurance et du rallye par le scandale du « Dieselgate » dans lequel se débat le groupe Volkswagen.

Recentrage sur les « technologies du futur »

La marque allemande est fragilisée par cette affaire de moteurs truqués pour tenter d’échapper aux normes anti-pollution en vigueur aux Etats-Unis et risque de devoir payer une amende de 15 milliards de dollars. La décision de se retirer du rallye a été prise mardi lors d’un conseil d’administration à Wolfsburg, le siège de VW. Volkswagen a assuré vouloir se tourner vers les « technologies du futur » dans l’optique du « développement prochain de [ses] gammes de voitures électriques ».

C’est un coup de tonnerre pour la course automobile : la Polo-R de 2017, correspondant à une nouvelle réglementation, était en effet quasiment prête à courir. Surtout, cela pose la question de l’avenir d’Ogier, la star de la discipline. Le retour du Français chez Citroën, pour lequel il a couru jusqu’en 2011, semble exclu, a priori. La marque française a déjà nommé trois pilotes pour 2017 (le vétéran Kris Meeke, 37 ans, et deux jeunes, Craig Breen et Stéphane Lefebvre), avec le handicap de ne disposer que de deux nouvelles C3 en début de saison, ce qui l’obligera à alterner entre Breen et Lefebvre.

La piste Hyundai est à écarter aussi, car la marque coréenne a un effectif équilibré, composé du Belge Thierry Neuville, actuellement deuxième du championnat des pilotes, de l’Espagnol Dani Sordo et du Néo-Zélandais Hayden Paddon. Et n’a pas forcément l’envie ou les moyens financiers de payer Ogier, référence suprême du WRC depuis 2013.

Restent Toyota, qui revient en WRC avec des gros moyens, et Ford, via l’écurie anglaise M-Sport. La piste de la marque japonaise semble la plus intéressante. Le grand manitou du retour de Toyota en rallye est Tommi Mäkinen, quadruple champion du monde dans les années 90, comme Ogier.

L’hypothèse Toyota

Sacré champion du monde dès le rallye de Catalogne, le 16 octobre, le Français ne pouvait imaginer que l’aventure VW, commencée par une saison de préparation en 2012 dans une petite Skoda, allait s’arrêter brutalement. Ses propos résonnent autrement aujourd’hui : « Depuis quelque temps, je relativise un peu plus par rapport au rallye, car j’ai atteint beaucoup d’objectifs que je m’étais fixés. »

Interrogé sur le record de l’autre Sébastien, Loeb (neuf titres mondiaux), Ogier avait alors répondu très sereinement : « Avant de penser à neuf titres, on va d’abord en viser cinq. Mais je ne pense pas que battre ces records soit une fin en soi. Que je gagne encore, ou pas, j’aurai réussi dans ma vie. »

A 32 ans, le Français est devenu père de famille cet été, sa « plus belle victoire ». Son « épanouissement » pourrait donc l’inciter à prendre une année sabbatique, d’autant que selon L’Equipe il touchera quoi qu’il en soit sa dernière année de salaire (7,5 millions d’euros annuels), pour un contrat qui le liait jusqu’à fin 2017. Cela pourrait lui permettre d’attendre que Toyota développe sa nouvelle Yaris WRC et l’emmène au niveau requis pour que le Français continue sa série de victoires (38) en WRC.