Leïla Slimani, Catherine Cusset, Régis Jauffret et Gaël Faye : quatre auteurs, dont deux femmes, sont en lice pour le prestigieux prix Goncourt décerné jeudi 3 novembre à 13 heures par les dix membres du jury présidé par Bernard Pivot.

Dans la foulée, le jury Renaudot, réuni également au restaurant Drouant à Paris, attribuera son prix, concluant ainsi la saison des grands prix littéraires d’automne.

Le Renaudot compte cinq finalistes : Adélaïde de Clermont-Tonnerre, qui vient de décrocher le Grand Prix du roman de l’Académie française, Régis Jauffret, Simon Liberati, Yasmina Reza et Leïla Slimani. Les deux prix ont donc en commun deux auteurs, Leïla Slimani et Régis Jauffret, mais le jury Goncourt a la priorité du choix et il n’y aura pas de doublon.

Des thèmes sombres

Dans Chanson douce (Gallimard), Leïla Slimani raconte l’assassinat de deux jeunes enfants par leur nourrice. Deuxième roman seulement de l’écrivaine, née au Maroc il y 35 ans, le livre, déjà un succès en librairie, se dévore comme un thriller mais peut aussi se lire comme un livre implacable sur les rapports de domination et la misère sociale.

L’autre qu’on adorait, de Catherine Cusset, lauréate par le passé du Goncourt des lycéens, se présente comme un hommage à son ami Thomas Bulot, qui s’est suicidé un jour d’avril 2008 à 39 ans. Le livre, qui n’est pas une fiction, a divisé la critique.

Régis Jauffret, ancien lauréat du Fémina, est l’auteur de Cannibales (Seuil), un livre « à s’en lécher les babines », selon Bernard Pivot. Porté par une écriture très XVIIIe siècle, Cannibales est un recueil de correspondance entre deux femmes machiavéliques discutant sur le meilleur moyen d’en finir avec un homme, délicieusement amoral.

Enfin, Gaël Faye, 34 ans, figure montante de la scène rap française, est l’incontestable révélation de la rentrée littéraire. Son livre Petit Pays (Grasset), sur son enfance au Burundi, a déjà été récompensé par le prix du roman Fnac. Par rapport à ses rivaux, son récit est celui qui se vend le mieux.

Une aubaine pour les éditeurs

Peu de femmes figurent au palmarès du Goncourt. Au cours de ces vingt dernières années, le prix n’a récompensé que quatre lauréates. La seule certitude est que « Galligrasseuil » (mot-valise pour désigner les maisons d’édition Gallimard, Grasset et Seuil) remportera la mise. Les quatre finalistes sont édités dans une de ces trois maisons. Gallimard n’a pas remporté le prix depuis 2011 et Grasset est absent du palmarès depuis 2005. Le Seuil a remporté le Goncourt pour la dernière fois en 2014.

Minuit et L’Olivier, qui pouvaient légitimement espérer le prix cette année avec respectivement Laurent Mauvignier (Continuer) et Jean-Paul Dubois (La Succession) ont vu leur poulain impitoyablement éliminé des sélections.

Le Goncourt demeure une aubaine pour les éditeurs. En moyenne un livre primé s’écoule à plus de 345 000 exemplaires.