Le directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel, Didier Quillot (à gauche), et Jean-Pierre Denis, président « intérimaire » de la LFP, le 27 mai 2016. | PATRICK KOVARIK / AFP

Après plusieurs jours de réflexion, Michel Denisot a finalement choisi, jeudi 3 novembre, de ne pas être candidat à la présidence de la Ligue de football professionnel (LFP) lors de l’assemblée élective prévue le 11 novembre. A la suite du retrait du « patron intérimaire » Jean-Pierre Denis, dirigeant du Crédit mutuel de Bretagne, du Crédit mutuel Arkéa, et pressenti pour briguer le poste, l’ex-numéro 1 du Paris-Saint-Germain (1991-1998) a décidé de ne pas se lancer dans la course à la succession de Frédéric Thiriez, démissionnaire le 15 avril après un règne de quatorze ans (2002-2016).

« J’ai examiné la fonction de façon précise, explique Michel Denisot au Monde. J’ai consulté Jean-Pierre Denis, Noël Le Graët [président de la Fédération française de football], Didier Quillot [directeur général exécutif de la LFP]. Il s’agissait d’une responsabilité lourde qui exigeait qu’on y consacre beaucoup de temps. Du jour au lendemain, il fallait que je ne fasse que ça pour que les choses soient bien faites. Il y avait beaucoup d’attentes. Je n’avais pas envie de faire de la figuration ou d’être une tête de gondole. C’était un boulot à temps plein et j’ai d’autres engagements. »

Guerre ouverte

L’actuel directeur de la rédaction du mensuel Vanity Fair et ex-présentateur vedette du « Grand Journal » sur Canal+ (2004-2013) a notamment signé un contrat avec UGC pour réaliser un film qu’il est en train d’écrire. Par ailleurs, le journaliste de 71 ans a d’autres projets avec des chaînes de télévision. L’ex-président à succès du PSG sous l’ère Canal+ (un titre en championnat en 1994, une victoire en Coupe des coupes en 1996 et six coupes nationales décrochées) avait été sollicité par plusieurs dirigeants du foot français pour mettre un terme à la crise politique qui secoue actuellement la LFP.

Michel Denisot au Parc des Princes, le 22 décembre 2013. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Le 5 octobre, l’élection du conseil d’administration de la Ligue et de son président avait été reportée faute d’un quorum nécessaire. Et ce dans un contexte de guerre ouverte entre les « gros » et les « petits » clubs autour de la question centrale de la répartition des droits télévisés. Sur fond de mésentente entre les deux syndicats représentatifs des équipes professionnelles – Première Ligue et l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) –, l’assemblée élective avait été convoquée le 11 novembre.

Contre toute attente, « le numéro 1 intérimaire », Jean-Pierre Denis, représentant du collège dit des indépendants, avait choisi, le 27 octobre, de ne pas briguer la présidence de la LFP. Selon les nouveaux statuts de l’instance votés en avril, le dirigeant de la Ligue n’a qu’un rôle représentatif et honorifique, tandis que le directeur général exécutif, Didier Quillot, est le véritable « patron » de l’institution, chargé de l’opérationnel. Après ce revirement, Michel Denisot était apparu comme une figure consensuelle, apte à panser les plaies. Représentant de la FFF au conseil d’administration de la LFP, il faisait alors office de recours idéal pour pacifier l’organisation.

« Il aurait fallu du temps pour pacifier et réunir »

« Les patrons de club sont plutôt favorables à une candidature de Michel Denisot, glissait, en début de semaine au Monde, un dirigeant influent d’une formation de Ligue 1. C’est un bon communicant. Il est humble, posé, pondéré. Contrairement à Jean-Pierre Denis, il connaît de l’intérieur les petits, moyens et grands clubs. Sa carrière est une belle réussite. Et Michel Denisot peut être compatible avec Didier Quillot. Il avait d’ailleurs été pressenti pour le job, fin mai, avant Jean-Pierre Denis. »

Vice-président du club de Châteauroux (National), Michel Denisot reconnaît volontiers l’existence de « grosses scissions » au sein du football français. « La situation est compliquée et il aurait fallu du temps pour pacifier et réunir. L’armistice du 11 novembre sera peut-être plus difficile à trouver que celui de 1918, admet-il dans un sourire. Je ne sais pas si cela va tourner dans le bon sens le 11 novembre. Il faut du temps. » L’ex-patron du PSG entend toutefois rester au conseil d’administration de la LFP.

Un flou entoure désormais la course à la succession de Frédéric Thiriez. Selon les statuts de la LFP, son président est « choisi par les membres du conseil d’administration sur proposition de celui-ci. » Si d’aventure « un membre autre qu’un indépendant » était élu, il devrait « démissionner de son poste de dirigeant de club ou de toute autre fonction exercée au sein d’une organisation représentée au conseil d’administration ».