Les Sables-d’Olonne, le 3 novembre. | DAMIEN MEYER / AFP

Plus de 300 000 visiteurs ont déjà arpenté les quais de Port Olonna, aux Sables-d’Olonne, pour admirer les bateaux du Vendée Globe. Depuis le 15 octobre, le port vendéen attire le gratin de la course au large autour des marins et des bateaux les plus affûtés du moment à l’occasion du départ de la course autour du monde à la voile, en solitaire, dont le départ aura lieu dimanche 6 novembre.

Depuis sa première édition en 1989, la légende de cet « Everest des mers » s’est forgée au fil des exploits et des abandons en rassemblant coureurs professionnels et amateurs très aguerris. Dimanche, vingt-neuf skippeurs s’élanceront à 13 h 02 sur la ligne de départ – un horaire qui permet d’être en direct dans les JT du 13 heures – pour une huitième édition riche en innovations tant pour le parcours que le matériel.

  • Une flotte exclusivement masculine

Cette année, le premier fait marquant est une participation en très forte hausse avec 29 concurrents, contre 20 lors de la dernière édition en 2012, tout près du record de 30 marins en 2008. Pour la première fois depuis vingt ans, aucune femme ne prendra le départ. En 2012, la seule femme en lice, la Britannique Samantha Davies, avait dû abandonner après avoir démâté.

La moyenne d’âge des skippeurs est de 44 ans, tout près des 43 ans qui séparent le benjamin du doyen. A 23 ans, le Suisse Alan Roura, le plus jeune participant de l’histoire de l’épreuve, s’élancera pour son premier Vendée Globe en même temps que le doyen des concurrents et des huit éditions, l’Américain Rich Wilson, dont ce sera le deuxième Vendée à 66 ans. Il avait terminé neuvième en 2009. Quatre concurrents ont plus de 60 ans : le Hongrois Nandor Fa, qui a participé à la deuxième édition de la course, le Hollandais Pieter Heerema, l’Irlandais Enda O’Coineen et donc Rich Wilson.

Grande disparité d’expérience également. Alors que certains ont déjà tenté l’aventure du Vendée Globe à plusieurs reprises, ils seront quatorze marins, soit la moitié des concurrents, à prendre le départ de l’épreuve pour la première fois. Cinq skippeurs s’élancent pour la quatrième fois : Bertrand de Broc, Jean-Pierre Dick, Jean Le Cam, Alex Thomson et Vincent Riou, vainqueur de l’épreuve en 2004 et seul tenant du titre à reprendre le départ cette année. « Environ dix concurrents viennent pour la gagne, d’autres s’engagent en mode aventurier, dont certains que je ne connais pas encore bien. Mais c’est sympa que de tels projets trouvent leur place dans le Vendée Globe, c’est aussi ce qui fait la beauté de notre sport », analyse Armel Le Cléac’h, skippeur de Banque populaire. « C’est le Vendée Globe de tous les extrêmes », résume Jean Le Cam, qui s’élancera sur Finistère Mer et Vent.

Le Vendée Globe attire aussi des marins de nombreux pays. Si la part d’étrangers inscrits en 2016 n’est pas la plus élevée de l’histoire de l’épreuve – 31 % contre 50 % en 2000 –, le nombre de nationalités représentées est le plus important depuis 1989. Cette année, on compte pas moins de dix pays représentés, dont quatre pour la première fois : la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, l’Irlande et le Japon avec Kojiro Shiraishi à bord de Spirit of Yukoh.

  • Des règles de course changées

Cette année, la SAEM Vendée, organisatrice de l’épreuve, innove avec un nouveau parcours, comportant une zone interdite à la navigation afin de renforcer la sécurité des coureurs. Cette Zone d’exclusion antarctique remplace les « portes des glaces » des précédentes éditions. Les marins réalisent toujours leur tour du monde par les trois caps, Bonne Espérance, Leeuwin et Horn, mais n’ont plus le droit de descendre trop au sud vers l’Antarctique afin d’éviter les icebergs. Les infractions peuvent se traduire par une disqualification dans le pire des cas. Pour définir le tracé de cette zone, la direction de course travaille avec une filiale du Centre national d’études spatiales, Collecte localisation satellites. Elle lui fournit la position des icebergs et des prévisions sur leurs dérives grâce à des données satellite, radar et altimétriques. Selon ces résultats, les contours de la zone d’exclusion peuvent évoluer durant la course.

  • Les « foils », nouveauté technologique

Mais la nouveauté la plus visible pour le grand public, et qui animera le plus les conversations techniques des marins est la présence de foils sur sept des monocoques. Ces appendices, ou « moustaches », visibles de part et d’autre de la coque, permettent de « sustenter » le bateau comme s’il était plus léger et donc d’augmenter sa vitesse dans certaines conditions. Armel Le Cléac’h (Banque populaire), Jérémie Beyou (Maître Coq), Sébastien Josse( Edmond de Rothschild ), Jean-Pierre Dick (Saint-Michel-Virbac), Morgan Lagravière (Safran), Alex Thomson (Hugo Boss) et Pieter Heerema (No Way Back) se sont lancés dans cette aventure technologique, comportant encore de nombreuses inconnues.

Les autres skippeurs s’engagent avec des monocoques plus conventionnels. Les plus anciens ont été mis à l’eau en 1998 : Famille Mary-Etamine du Lys de Romain Attanasio (l’ex-Whirlpool de Catherine Chabaud) et du TechnoFirst-faceOcean de Sébastien Destremau (l’ancien Gartmore de Josh Hall). La majorité des bateaux ont été mis à l’eau au milieu des années 2000 dans la perspective du Vendée Globe 2008.

En 2012, le vainqueur, François Gabart, avait bouclé son tour du monde en 78 jours, 2 heures et 16 minutes, trois petites heures avant Armel Le Cléac’h. Le record est à la portée des bateaux à foils, mais comme toujours dans la voile, l’endurance du skippeur et la gestion de la course seront aussi déterminantes que la technologie.