16 juillet 2016 : Fethullah Gülen, ­coupable désigné

Un tank devant l’aéroport d’Istanbul la nuit de la tentative de putsch, le 15 juillet 2016. | Sipa

Le Parlement bombardé, 270 morts (dont 240 loya­listes), plus de 2 000 blessés : le bilan de la tentative de putsch menée dans la nuit du 15 au 16 juillet est lourd. Arrivé à l’aube en avion à l’aéro­port Atatürk, à Istan­bul, Erdo­gan déclare : « Ce soulèvement est un don de Dieu. Il nous aidera à nettoyer l’armée de ses ­éléments factieux. » Il désigne comme ­suspect le prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis, dont la Turquie réclame l’extradition.

23 juillet : les fonctionnaires dans le collimateur

Le 24 juillet à Mugla, lors d’un contrôle routier dans le cadre de la recherche des soldats putschistes. | Orhan Cicek/Anadolu Agency

L’état d’urgence est ­prononcé pour trois mois le 20 juillet. L’exécutif peut ainsi gouverner par décret, sans l’aval du Parlement, avec un pouvoir coercitif ­illimité. Le 23 juillet, un décret avalise une première vague de purges. 10 000 militaires, policiers et magistrats sont arrêtés ou gardés à vue ; 58 000 fonctionnaires sont mis à pied. Le délai de garde à vue est porté à trente jours (au lieu de quarante-huit heures), dont cinq au secret, sans accès à un avocat.

18 octobre : l’état d’urgence prolongé

Le 26 octobre à Diyarbakir, des policiers et une manifestante durant une marche de protestation contre l’arrestation des maires kurdes de la ville. | Sertac Kayar/Reuters

Le Parlement a décidé de proroger ce régime d’exception jusqu’en janvier 2017. Quotidiennes, les purges ­touchent tous les ­segments de la société : journalistes, écrivains, universitaires, hommes d’affaires, partisans de la cause kurde, élus kurdes, militants de gauche. Depuis juillet, 35 000 person­nes ont été inculpées, et 100 000 autres, ­soupçonnées de liens avec la confrérie des adeptes de Gülen, ont perdu leur emploi.

29 octobre : la peine de mort bientôt rétablie ?

Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le 29 octobre. | Kayhan Ozer/Anadolu Agency

Le jour de la célébration du 93e anniversaire de la République, le président Erdogan a réaffirmé son intention de poser au Parlement la question du rétablissement de la peine capitale. Abolie en 2004, la peine de mort n’a pas été appliquée depuis 1984. Son retour mettrait un terme à la poursuite des négociations d’adhésion avec l’Union européenne. « Ce qui compte n’est pas ce que dit l’Occident mais ce que dit mon peuple », a clamé ­Erdogan à ses partisans.

31 octobre : le camp laïque à son tour visé

Manifestation devant le siège du quotidien « Cumhuriyet » , le 31 octobre, à Istanbul. | Ozan Kose/ AFP

La police arrête à l’aube douze employés et ­journalistes du ­quotidien Cumhuriyet, emblématique de ­l’opposition kémaliste. Le rédacteur en chef, Murat Sabuncu, a été placé en garde à vue. Tous sont accusés de collusion avec les séparatistes kurdes du PKK et avec la ­communauté du ­prédicateur Fethullah Gülen. Les domiciles de plusieurs journalistes et employés ont été perquisitionnés à Ankara et Istanbul.

Jeudi 3 novembre : le parti prokurde visé

Les autorités turques ont interpellé, dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 novembre, les deux coprésidents de la principale formation politique prokurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), dans le cadre d’une vaste opération qualifiée d’« antiterroriste ».